Le Parlement européen s'est prononcé mercredi en faveur d'un renouvellement de l'autorisation du glyphosate, l'herbicide le plus vendu dans le monde, pour sept ans au lieu des quinze prévus par la Commission européenne. Il demande toutefois à celle-ci de lancer rapidement une étude indépendante sur la toxicité de cette molécule, classée cancérigène par le Centre international de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé, et de retirer au besoin son approbation à la lumière de nouveaux éléments.
"Absence de danger pour l'homme" selon l'Efsa. L'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a toutefois conclu à l'absence de danger pour l'homme sur la base d'une étude qu'elle a refusé de rendre publique au nom des "intérêts commerciaux" des entreprises agrochimiques commercialisant ce produit. La résolution a été adoptée par 374 voix contre 225 et 102 abstentions.
Une défaite pour les écologistes. La demande de reconduction de l'autorisation, proposée par le Parti populaire européen, constitue une défaite pour la commission de la Santé et de l'Environnement du Parlement, les écologistes et la gauche, qui demandaient le non-renouvellement de l'autorisation accordée au glyphosate.
Les experts se réunissent en mai. Bien que l'avis du Parlement ne soit pas contraignant, il devrait aider les Etats, eux-mêmes très partagés sur le dossier de cette substance qui constitue notamment le principe actif du Roundup de la firme américaine Monsanto, à adopter une position. Les experts des Vingt-huit Etats membres, qui s'étaient séparés le 8 mars dernier sans prendre de décision, doivent se retrouver les 18 et 19 mai.
La France s'y oppose. Selon le groupe des Verts, trois pays dont la France, qui vient de décider d'interdire certains herbicides à base de glyphosate, s'opposent à la reconduction de l'autorisation tandis que huit autres pays sont hésitants.
Perturbateur endocrinien ? Le glyphosate, un herbicide non sélectif, est également accusé de porter atteinte à la biodiversité et est soupçonné d'être un perturbateur endocrinien. Très efficace, il s'en est écoulé 825.000 tonnes dans le monde en 2014.