Quand la peur du rejet de l'autre finit par gâcher la vie. Dans l'émission Bienfait pour vous, au micro de Julia Vignali et Mélanie Gomez, Ariane Calvo, psychologue et auteure, est revenue sur la notion de syndrome de l'abandon en présence de l'auteure Alice Marchandeau qui, abandonnée alors qu'elle n'était qu'un bébé en Inde puis adoptée par une famille française, a vécu toute sa vie avec cette problématique. Une peur panique de la séparation qui a des répercussions dans tous les aspects du quotidien, que ce soit dans la vie familiale, amoureuse ou professionnelle.
Une blessure qui se crée dans la petite enfance
Concrètement, le syndrome de l'abandon pourrait se définir comme "un assemblage de comportements qui se manifestent à l'âge adulte par une peur des séparations de tous types. Il y a des indicateurs plus ou moins symboliques comme détester voyager, détester faire ses valises, détester déménager", explique Ariane Calvo. Une blessure qui se crée dans la petite enfance, "avant l'âge de 6 ans, où un ressenti d'abandon va graver dans le cerveau la même trace qu'un abandon vécu. Une fois adulte, si personne ne peut réellement nous abandonner, le ressenti est tellement fort et ça réactive quelque chose de puissant qu'on a l'impression qu'on pourrait en mourir", souligne la psychologue.
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En parler avec ses enfants
Dans le cas où on serait indisponible pour son enfant, le mieux est alors d'en parler avec lui, "de mettre les mots dessus pour qu'il comprenne ce qu'il se passe", conseille Ariane Calvo. À l'adolescence, la dépendance affective se manifeste plutôt sous forme de colère et, dans ce cas, le mieux à faire est de "valider la colère de l'adolescent, de lui dire que c'est normal", conseille la psychologue.
Une fois adulte, la peur de l'abandon peut finir par poser de gros problèmes dans la vie sociale, amoureuse ou professionnelle. Cela peut se manifester par de la jalousie ou une volonté de contrôler les autres et peut finir par accélérer la séparation, pourtant redoutée.
Apprendre à se connaître pour s'en sortir
La bonne nouvelle, c'est que si le syndrome de l'abandon semble avoir de grandes répercussions dans la vie, il est aussi possible de s'en libérer. "Évidemment, la psychothérapie peut aider à se connaître soi-même. Car lorsque c'est le cas, on sait que l'on ne peut plus être abandonné", souligne Ariane Calvo. Et pour ceux qui ne souhaitent pas passer par cette étape, il est aussi possible de se libérer de ce syndrome de l'abandon tout seul, notamment "en pratiquant le "journaling", une technique très utilisée aux États-Unis, qui consiste à écrire à propos de soi-même, chaque jour".
Une forme de thérapie qu'a pratiquée Alice Marchandeau sans réellement le savoir, à travers l'écriture de son ouvrage. "Pendant quatre ans, j'ai écrit ce recueil pour moi-même, jusqu'à me dire que je pourrais le publier, pour aider au moins une personne à se reconnaître dedans", explique l'auteure. Se reconnaître et se comprendre pour enfin se libérer de cette blessure d'abandon.