La généralisation du tiers payant à l'ensemble des patients, l'une des mesures sociales emblématiques du quinquennat Hollande, ne pourra pas être mise en oeuvre le 30 novembre en raison d'obstacles "techniques" avancés dimanche par la ministre de la Santé Agnès Buzyn.
Un "problème informatique". "Techniquement le tiers payant généralisé n'est pas faisable au premier décembre", a affirmé la ministre au "Grand Jury" RTL/Le Figaro/LCI, en s'appuyant sur un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) qu'elle rendra public lundi. "Nous ne savons pas, aujourd'hui, sur la part des (mutuelles) complémentaires, faire en sorte que le médecin soit remboursé", a-t-elle argué, parlant d'un "problème d'informatique".
MG France "se félicite". Ce dispositif devait être étendu à tous les assurés le 30 novembre en obligeant l'ensemble des professionnels de santé à l'appliquer pour la part remboursée par l'assurance maladie. Au grand dam des médecins libéraux, même si aucune sanction n'était prévue contre les récalcitrants. Leurs syndicats sont depuis toujours opposés à cette mesure, synonyme selon eux de "paperasse" supplémentaire. Ils redoutent également d'être victimes de retards de paiement par l'Assurance maladie ou les mutuelles. Dans un communiqué, le premier syndicat de médecins généralistes libéraux, MG France "se félicite de voir la ministre de la santé confirmer que le tiers payant généralisé obligatoire prévu par la loi de santé n'aura pas lieu".
Non généralisé, mais généralisable. Le gouvernement va-t-il satisfaire les médecins libéraux en supprimant finalement cette obligation? Agnès Buzyn a encore entretenu le flou dimanche. Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait évoqué un tiers payant "généralisable" et donc simplement optionnel et non généralisé et obligatoire. "Il n'est pas faisable, donc ça ne sert à rien de parler d'une obligation", a esquivé la ministre, ajoutant que ses services allaient "travailler avec l'ensemble des professionnels pour que le tiers payant soit généralisable. C'est l'engagement du président de la République", a-t-elle insisté. "Généralisable" veut dire que "toutes les personnes qui en ont besoin puissent y accéder", a ajouté Agnès Buzyn, se défendant de "jouer sur les mots". Taclant Marisol Touraine, la ministre de la Santé a déploré "qu'on vote des lois sans se préoccuper de savoir si c'est faisable". "Le cadeau n'est pas très sympathique", a-t-elle jugé.