En Seine-Saint-Denis, département parmi les plus touchés par le Covid-19 depuis un mois et demi, le nombre d'hospitalisations est en baisse depuis lundi. Une légère amélioration à relativiser par rapport au nombre de morts qui continue lui d'augmenter, avec 587 décès depuis le début de l'épidémie de coronavirus. Pour le professeur Frédéric Adnet, chef des urgences de l'hôpital Avicenne à Bobigny et invité jeudi d'Europe 1, le désengorgement des services de réanimation va se faire sentir dans quelques jours.
"On souffle, parce que les urgences accueillent de moins en moins de patients victimes du Covid-19", se félicite celui qui est également chef du Samu de Seine-Saint-Denis, au micro de Mélanie Gomez dans Sans Rendez-vous. "On a une fréquentation des urgences en baisse : il y a moins de patients malades qui se présentent et les patients ont peur d'aller à l'hôpital parce qu'ils ont peur d'attraper le virus, donc on a aussi moins d'urgences classiques que l'on voyait avant l'épidémie. Ces deux phénomènes conjugués font que nous avons moins de patients aux urgences."
"On est à +70% de notre activité"
Signe positif, "au Samu, le nombre d'appels liés au Covid-19 diminue de manière importante", observe le professeur Adnet. "Nous retrouvons une situation normale pour une épidémie, on est à +70% de notre activité, ce qui est supportable. On avait besoin de souffler."
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Pour l'heure, les services de réanimation restent fortement engorgés en Seine-Saint-Denis, département "avec une population extrêmement jeune, avec des métiers qui ne peuvent pas s'exercer en télétravail".
Comment expliquer alors que la situation s'améliore aux urgences et au Samu, mais pas encore dans les services de réanimation ? "Le Samu est en avance par rapport aux urgences et les urgences sont en avance par rapport à la réanimation", explique le chef du Samu 93. "Ce qu'on vit actuellement aux urgences et au Samu, la réanimation, qui est la destination finale, va le vivre dans 8 jours. Actuellement, il y a une petite baisse du nombre de patients, on a quelques lits disponibles, mais la situation est encore très tendue, liée au fait que les patients restent longtemps en réanimation, entre 10 et 15 jours."
Inquiétude pour les personnes à risque
Au micro d'Europe 1, le professeur Frédéric Adnet affirme qu'il y a "progressivement des lits de plus en plus disponibles", dans les services de réanimation de son département : "On a transformé huit lits de réanimation pour accueillir les patients Covid+ en réanimation Covid-, pour hospitaliser les patients qui présentent une défaillance non-liée au virus."
Mais dans un territoire où de nombreux logements sont occupés par des familles nombreuses, conclut Frédéric Adnet, "les personnes à risque, les patients socialement vulnérables et les patients très âgés sont toujours une grande source d'inquiétude avec une mortalité importante".