Soigner peut tuer. C'est la morale paradoxale qu'on retire de la déclaration faite par le ministère de la Santé jeudi. Selon les chiffres avancés, 13.000 personnes mourraient chaque année à cause des antibiotiques. Comment cela est-il possible ? Tout simplement parce que l'utilisation abusive de ces médicaments développent des multirésistances chez les bactéries qui deviennent plus dangereuses pour l'homme. Outre ces 13.000 victimes, 160.000 personnes développent chaque année en France des infections.
La surprescription d'antibiotiques, un mal français ? "Après une relative stabilisation au cours des années 2000, la consommation globale d'antibiotiques est à nouveau en hausse depuis 2010. Les statistiques sont mauvaises", a relevé la ministre, Marisol Touraine, en recevant le rapport du docteur Jean Carlet sur les antibiotiques. La trop grande prescription d'antibiotiques en ville comme à l'hôpital favorise en effet l'apparition de résistances, a-t-elle rappelé.
Repasser en-dessous de la barre des 10.000 décès. Face à l'ampleur de ces chiffres issus d'une étude de l'Institut de veille sanitaire (InVS) cités dans le rapport, Mme Touraine entend donner un "nouvel élan" à la lutte contre l'antibiorésistance et au plan d'alerte sur les antibiotiques 2011-2016. Un plan qui a fixé comme objectif de réduire la consommation d'antibiotiques de 25%. Pour la ministre de la Santé, il convient de mieux coordonner au niveau national les actions de lutte contre l'antibiorésistance avec pour objectif de "faire passer la mortalité liée à l'antibiorésistance au dessous de la barre des 10.000 décès par an".