Il fait le constat d'un climat d'inquiétude généralisé. Invité de l'émission Ça fait du bien pour la réédition de son livre Transitions, réinventer le genre, le psychiatre et psychanalyste Serge Hefez explique au micro d'Anne Roumanoff que ses confrères sont "tous débordés de consultation" à cause des angoisses générées par le contexte sanitaire. Il livre ses conseils de professionnel pour éviter que ces sentiments ne prennent le dessus.
Une incertitude aussi liée aux politiques
Selon le psychiatre, les inquiétudes des Français ne sont pas uniquement liées à la menace de la maladie. Elles viendraient davantage du flou que crée la crise sanitaire et de la difficulté à se projeter dans l'avenir qui en découle. "Les gens sont beaucoup plus angoissés en ce moment parce qu'on est dans une période d'incertitude absolue, que tous nos repères sont en train de vaciller", observe ainsi Serge Hefez.
Et selon lui, cette incertitude est en partie due à la classe politique. "Il y a des injonctions contradictoires qui nous sont données en permanence. Je ne jette pas la faute sur nos dirigeants, mais il y a une grande incertitude par rapport à ce qu'est cette épidémie et ce que va être son évolution", développe-t-il. Et les injonctions contradictoires, ajoutées à l'incertitude, créent un mélange tout à fait détonnant. Les gens vont vraiment très mal, ils sont très, très angoissés."
Miser sur le court terme pour dominer l'angoisse
Des solutions existent cependant pour aller mieux, à en croire Serge Hefez. "La question de savoir comment se recentrer, comment retrouver son centre de gravité", théorise-t-il. "Une fois que l'on calme l'angoisse, le travail personnel peut se faire. Mais quelqu'un de paralysé par l'angoisse ne pourra même pas réfléchir à lui-même. Ce qui est le tissu d'un travail psychothérapique de manière générale."
Une explication théorique qui se concrétise par des conseils pratiques. "Quand il est difficile d'envisager l'avenir, je crois qu'il faut être un petit peu modeste et se donner des objectifs à très court terme" suggère le professionnel de santé. "Il faut structurer son quotidien, se donner des tâches à faire tous les jours. Mais aussi penser aux autres avant de penser à soi. C'est-à-dire sortir de soi et de ses propres préoccupations pour se dire 'Qu'est-ce que je peux faire pour les autres aujourd'hui ?' par exemple. C'est ce genre de choses qui aident à sortir de l'angoisse."
Le psychiatre doublement touché par le Covid-19
Ses conseils, le psychiatre les a appliqués à lui-même. Il faut dire que le contexte sanitaire n'a pas épargné Serge Hefez. "Ça n'a pas été facile pour moi. D'abord j'ai attrapé le Covid-19, j'ai été très malade", explique-t-il. "Ensuite, j'ai perdu ma mère. Elle est morte du virus dans un Ehpad."
Deux moments difficiles à vivre. Mais Serge Hefez explique comment il a réussi à traverser ses épreuves personnelles. Et son travail de psychiatre n'est pas étranger à l'équation. "C'est toujours la même chose : il faut trouver les armes pour affronter ça", rappelle-t-il. "Et c'est peut-être d'être au service des autres tous les jours qui m'aide le plus." Une solution facile à appliquer au quotidien, même s'il on n'est pas psychiatre.