Londres et le sud-est de l'Angleterre se sont reconfinés en urgence pour au moins trois semaines, tandis que plusieurs pays européens, dont la France, ont annoncé dimanche suspendre provisoirement leurs liaisons avec le Royaume-Uni. Ces mesures font suite à la découverte d'une nouvelle souche du Covid-19 dans l'archipel, et qui serait beaucoup plus contagieuse que celle circulant déjà sur le continent, selon des déclarations du Premier ministre britannique Boris Johnson. Cette situation laisse craindre l'apparition d'une troisième vague de contaminations sur le continent, mais interroge également quant à l'efficacité des vaccins déjà fabriqués, et dont la distribution doit commencer dans l'Union européenne d'ici le début de l'année prochaine.
Flambée des contaminations
"Ce virus mute avec une très grande fréquence et plus il y a une circulation virale importante, plus il y a une chance qu'une mutation favorable pour le virus soit sélectionnée", explique au micro d'Europe 1 le généticien Axel Kahn. "C'est sans doute ce que l'on observe en Grande-Bretagne et peut-être également en Afrique du Sud", où le ministère de la Santé a également évoqué vendredi l'apparition d'une nouvelle souche pour expliquer une récente flambée du nombre des contaminations.
Est-ce que la mutation observée outre-manche peut rendre caducs les vaccins qui arrivent ? "Non, parce que tous les autres anticorps qui sont développés par les vaccins continueront d'être efficaces", veut rassurer Axel Kahn. Invité d'Europe Matin ce lundi, le ministre de la Santé Olivier Véran a indiqué que les vaccins qui doivent prochainement arriver en France ne ciblaient pas la partie du virus concernée par cette nouvelle mutation. "À ce stade nous n'avons pas identifié de variant du virus dans le monde sur lequel les vaccins ne sont pas efficace", a-t-il précisé.
Peu de recul sur le vaccin, mais...
Mais pour le professeur Philippe Froguel, généticien au CHU de Lille, nous n'avons pas le recul suffisant pour véritablement déterminer la résistance des vaccins face à cette nouvelle forme, "car pas assez de personnes ont été vaccinées", pointe-t-il. "Mais l'avantage, c'est qu'un vaccin ARN est plus facile à fabriquer et à modifier." Ce qui permettrait à certains laboratoires de revoir rapidement leur formule.
"L'apparition d'une nouvelle souche plus contagieuse veut aussi dire qu'il y aura plus de personnes infectées", relève encore Axel Kahn, quand bien même aucune donnée scientifique ne permet encore de renseigner le degré de contagiosité de cette variante. "Même si la stratégie vaccinale est intéressante, pour être idéale, il faudrait qu'elle s'accompagne d'un effort colossal au niveau européen afin de diminuer la circulation virale", ajoute-t-il, alors que l'Italie vient d'entamer un troisième confinement, et que l'Autriche a déjà annoncé un reconfinement strict qui doit débuter après Noël.