C'est une nouvelle qui est une petite révolution pour les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer : des chercheurs américains ont trouvé un moyen de déterminer l'évolution de de cette pathologie, d'après un article publié dans la revue Science Translational Medecine. "Maintenant, on a les moyens de visualiser les lésions de la maladie grâce à une technique qui fait qu'on peut repérer les lésions du vivant des patients", explique vendredi sur notre antenne Bruno Dubois, professeur de neurologie à l'université Pierre-et-Marie-Curie, directeur de l’Institut de la Mémoire et de la maladie d’Alzheimer à la Pitié-Salpêtrière.
Le professeur Bruno Dubois rappelle qu'il y a deux lésions dans le cerveau des personnes atteintes de cette maladie. Ils ont, d'abord, des plaques amyloïdes qui forment une sorte de glue entre les neurones. À l'intérieur des neurones se trouve par ailleurs la protéine Tau, "qui entraîne leur dégénérescence et donc leur mort" : les chercheurs "viennent de montrer que plus il y a des lésions Tau au début de la maladie, plus il y a une dégénérescence de ces neurones et une atrophie de cette région que l'on va pouvoir mesurer en IRM".
Un "blocage" du remboursement
Il s'agit donc d'une avancée majeure dans la compréhension de la maladie, sinon sa prise en charge. "On pourra dans l'avenir dire que s'il y a beaucoup de lésions dans cette région du cerveau, ça pourra dégénérer assez vite", explique Bruno Dubois, auteur de La vérité sur la maladie du siècle, chez Grasset. Selon lui, on pourra même "définir un pronostic" sur l'évolution des symptômes.
Il y a cependant un bémol. "Actuellement, c'est bloqué", déplore Bruno Dubois à propos d'une application de cette avancée pour les patients actuels de la maladie d'Alzheimer. "En France, on vous dira qu'on ne peut pas recourir à ces examens parce qu'ils ne sont pas remboursés par la Sécu, on fait ces examens en recherche."
Un nouveau médicament révolutionnaire ?
Reste que l'avancée "va permettre de mesurer l'efficacité des médicaments : aujourd'hui, même si les médicaments en développement n'ont pas encore formellement démontré leur efficacité sur les symptômes, ont démontré qu'ils bloquaient les lésions". Il y a encore mieux : "On a appris il a quinze jours qu'un médicament a pour la première fois montré un signal significatif sur les symptômes de la maladie", se réjouit le professeur de neurologie.
"Ce n'est qu'une étude, mais c'est la première fois qu'on montre qu'en bloquant les lésions, on améliore les symptômes", poursuit Bruno Dubois. "Dans les mois ou les années à venir, on aura des médicaments qui vont agir sur les symptômes de la maladie. En repérant les lésions avant même les premiers symptômes, la question est de savoir s'il ne faudra pas prévenir la maladie en recourant à ces médicaments pour bloquer l'entrée dans la maladie." Une autre avancée de taille est-elle à prévoir ?