La Commission européenne a dû reporter mardi un vote sur sa proposition de prolonger l'autorisation du glyphosate, faute de majorité après que plusieurs pays européens ont rejoint le camp des opposants à cette substance soupçonnée d'être cancérigène, selon des sources concordantes. Les avis scientifiques divergent sur cette substance active largement utilisée dans les pesticides, et notamment dans le Round Up du groupe Monsanto.
La majorité qualifiée non atteinte. Malgré un avertissement du Centre international pour le cancer (CIRC), une agence de l'OMS, l'Autorité européenne de sécurité des aliments, l'Efsa, a estimé "improbable" son risque cancérogène. C'est sur la base de cet avis que la Commission a décidé de proposer un renouvellement pour quinze ans. Mais finalement cela "n'a pas été soumis au vote" à l'occasion d'une réunion d'un comité d'experts représentant les 28 Etats membres de l'UE, lundi et mardi à Bruxelles, a indiqué une source diplomatique. Selon deux sources diplomatiques, la majorité qualifiée (55% des Etats membres représentant 65% de la population de l'UE), nécessaire à son adoption, n'a pas pu être atteinte. Le comité d'experts compétent se réunira à nouveau les 18 et 19 mai, mais "si besoin, cette question peut être soulevée (...) avant", a-t-elle précisé.
Les ONG contre le renouvellement du produit. "Malgré le fait que la Grande-Bretagne et la Commission européenne s'associent pour défendre les intérêts de Monsanto, les gouvernements en Europe ont refusé de faire de leurs populations des rats de laboratoire en approuvant une nouvelle licence pour le glyphosate", s'est félicitée mardi Alice Jay, de l'ONG Avaaz, qui a recueilli 1,4 million de signatures contre le renouvellement du produit. Monsanto, de son côté, a défendu l'utilisation de ce désherbant et le "processus rigoureux et transparent" auquel il a fallu se soumettre pour cette procédure de ré-autorisation sur le marché européen.