En direct du fort de Brégançon dans le Var, Emmanuel Macron a proposé lundi de répondre aux interrogations des Français sur Instagram et Tik Tok sur la vaccination et le Covid-19. Dans une courte vidéo, où il apparaît en t-shirt noir, le chef de l'Etat rappelle que la vaccination "est la seule arme" face à une quatrième vague". Selon l'Elysée, le président de la République prendra plusieurs questions et y répondra régulièrement cette semaine, en images. "Il y a un grand besoin d'information et d'explications dans le pays", commente l'épidémiologiste William Dab, qui alerte cependant sur la séparation nécessaire entre questions politiques et scientifiques.
Ce dernier, ancien directeur général de la Santé, distingue les questions scientifiques et médicales, relevant d'une expertise scientifique collective et les questions organisationnelles, relevant de l'Etat. "Je pense que la question est de savoir de quelle procédure le président s'est-il entouré pour répondre aux questions qui vont lui être posées sur Instagram ou Tik Tok ? Pour formuler ses réponses, est-ce qu'il s'appuie sur plusieurs collèges d'experts ? Est-ce qu'il a des spécialistes autour de lui pour le mettre au courant des dernières études qui sortent tous les jours ? Comme je n'ai pas de détails sur la procédure, je ne peux pas la juger."
"Il est important de faire la différence entre les questions qui sont de l'ordre du politique et les questions qui sont de l'ordre du scientifique. Je pense qu'il est important de ne pas mélanger les deux, sinon la confiance pourrait être ébranlée. C'est une distinction qui est vraiment fondamentale à faire", ajoute William Dab.
Des canaux de communication privilégiés
Sans présumer de l'efficacité d'une telle opération de communication, William Dab rappelle l'importance d'utiliser les canaux de communication à disposition pour rassurer et informer sur la vaccination. "Chaque catégorie de population a ses canaux privilégiés pour s'informer et je pense qu'il faut les mobiliser tous", assure-t-il. "Quand on regarde les données épidémiologiques actuelles, on voit qu'il y a une véritable explosion de contamination, en particulier chez les 20-29 ans. Et c'est dans cette classe d'âge-là que les réseaux sociaux sont très fréquentés. Il est donc tout à fait logique de mobiliser ces outils", ajoute l'épidémiologiste.
L'initiative d'Emmanuel Macron intervient après le troisième samedi de mobilisation contre le pass sanitaire. Ils étaient plus de 200.000 mobilisés samedi, selon le ministère de l'Intérieur. Et l'investissement des réseaux sociaux par le chef de l'Etat pourrait être vu comme une nouvelle attaque contre ces réfractaires. "Je pense que c'est un pari que fait le président de la République. Si on a confiance dans sa parole, alors l'effet peut être positif. Si, au contraire, on est dans un contexte de défiance, l'effet pourrait être contreproductif", analyse William Dab. "On verra dans les jours qui viennent comment, comment cela réagit sur les réseaux sociaux."