Les cardiologues français tirent la sonnette d'alarme. Alors que le congrès de la Société européenne de cardiologie se déroule en ce moment même à Paris, les professionnels veulent alerter sur les dangers de l'insuffisance cardiaque, qui touche plus d'un million de Français. Si le nombre de malades pourrait exploser à l'avenir en raison du vieillissement de la population, une étude publiée mercredi matin, réalisée auprès de malades français, vient mettre en lumière les manques en terme de prise en charge des patients, entre dépistages trop tardifs, et patients mal suivis et traités par la suite.
Selon cette enquête, près de la moitié des patients hospitalisés en urgence à cause d'une insuffisance cardiaque présentaient en fait des symptômes de cette maladie depuis plusieurs semaines. Plus inquiétant encore, pour un tiers d'entre eux, les signes que leur muscle cardiaque fonctionnait mal avaient commencé depuis plus de 2 mois.
"On croit toujours que l'insuffisance cardiaque ne concerne que le sujet âgé"
Mais en France, aussi bien du côté des patients que, parfois, des médecins, on connait peu ou pas du tout les symptômes qui doivent alerter. Et ce, alors qu'il n'y en a que quatre. Pour y voir plus clair, les médecins ont regroupé ces symptômes sous l'acronyme EPOF. "E pour essoufflement. P pour prise de poids rapide. O pour œdème, c'est-à-dire un gonflement des jambes. Et F pour fatigue anormale", précise le Dr Florence Beauvais, cardiologue à l'hôpital Lariboisière à Paris.
"Si on a une association de ces quatre signes, il est clair qu'il faut penser à l'insuffisance cardiaque", explique-t-elle, avant de battre en brèche une idée reçue, expliquant que l'insuffisance cardiaque peut toucher "même les patients jeunes, de moins de 50 ans". "On croit toujours que l'insuffisance cardiaque ne concerne que le sujet âgé, c'est faux", poursuit le Dr Florence Beauvais.
Enfin, cette étude montre aussi que, même après une hospitalisation pour insuffisance cardiaque, la prise en charge médicale laisse à désirer. Alors que 100% des malades devraient être admis en réadaptation cardiaque, ces centres où on leur apprend par exemple comment faire du sport avec cette pathologie, ou encore comment bien s'alimenter, seul un patient sur dix en bénéficie en France.