Confronté au manque de lits aux urgences, le centre hospitalier de Perpignan a pris la décision de dresser des tentes ce dimanche pour accueillir les patients valides. Une décision qui provoqué la colère des soignants qui dénoncent un manque de moyens et ont décidé de déposer un préavis de grève.
"Urgences Valides." C'est ce qu'on peut lire sur une pancarte qui guide les patients devant l'une des tentes blanches déployées devant le service des urgences du Centre hospitalier de Perpignan. "Vendredi, on s'est aperçu qu'il ne restait que trois à cinq lits pour passer le week-end", se désole François Sanchez, le représentant Force Ouvrière du Centre hospitalier de Perpignan. Alors la direction de l'hôpital a fait appel dimanche aux pompiers du SDIS 66 pour installer ce dispositif. Une solution temporaire , pour 48 heures seulement, assure la direction de l'hôpital qui refuse de faire davantage de commentaires.
C'est donc là que sont accueillis les patients qui viennent par leur propre moyen et là que se fait le tri des patients. "On a déporté un service des urgences sous la tente", constate Estelle qui est infirmière dans ce service depuis 2013. "Et dans le bâtiment des urgences on a créé un service d'hospitalisation pour pallier un manque de lits dans les services. Ce n'est pas une solution pérenne, ils ont monté les tentes pour 48 heures, qu'est-ce qu'on fera dans 72 heures ? Il n'y aura toujours pas de lits ! Ce n'est pas ce qu'on demande. On demande des lits, mais pas dans ces conditions !"
"Malgré nous, on devient maltraitants"
Des patients se retrouvent ainsi hospitalisés dans le service d'urgences au lien de rejoindre des services spécialisés. "Ces gens-là il faut s’en occuper aussi", alarme François Sanchez. "Alors qu'ils devraient être pris en charge dans les services en aval, ce sont les personnels des urgences qui les prennent en plus de leur activité normale. C'est intenable !" À l’intérieur, les personnels décrivent des conditions de travail difficiles avec des pièces transformées à la hâte en chambre. "On se retrouve avec des box d'examens qui sont prévus pour un flux rapide et qui deviennent des chambres d'hospitalisation provisoire", déplore Marine, également infirmière.
Pour elle, ce centre hospitalier n'est pas dimensionné pour accueillir autant de monde. "On se retrouve avec un flux de patient qui est celui d'un CHU alors qu'on est un hôpital régional, on n'a ni les moyens humains ni le matériel pour l'assumer chaque jour", ajoute-t-elle. "On en vient à appréhender nos journées de travail. Au lieu de se souhaiter une bonne journée, on se souhaite bon courage. Et malgré nous, on devient maltraitants et ça ne correspond plus à nos valeurs de soignants."
Mais pour ces personnels de l’hôpital, cette situation n'est pas nouvelle. Déjà en 2019, ils s’étaient mis en grève pour réclamer plus de moyens . "C'est un problème récurrent", constate François Sanchez. "C'était difficile avant, le Covid-19 a encore plus fatigué les gens et ce sera encore plus difficile après." Un préavis de grève a été déposé pour vendredi, beaucoup de ces soignants la suivront pour demander des lits et du personnel supplémentaires même s'ils savent déjà qu'ils seront réquisitionnés par la direction de l'hôpital.