En France, sept femmes sur dix se disent bien informées sur les risques liés à l'alcool pendant la grossesse. Sur les risques liés aux médicaments, ce chiffre chute à trois sur dix. Face à ce manque d'information, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) vient de lancer une campagne qui vise à alerter les Françaises sur les problèmes que peuvent engendrer l'automédication ou au contraire l'arrêt brutal de leur traitement, pour leur santé et pour celle de leur bébé.
"C'est un sujet d'importance majeure. Notre objectif est de sensibiliser les femmes et les professionnels de santé", rappelle Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice de l'ANSM, invitée d'Europe 1 vendredi.
4 femmes sur 10 pensent, à tord, que l'ibuprofène est sans danger
36% des femmes interrogées dans l'enquête de l'ANSM disent s'être auto-médiquées lors de leur première grossesse. Lors de la seconde, elles sont près de 50%. Et la tendance est plutôt à la hausse. "La crise du Covid n'a pas arrangé les choses. Entre notre première enquête de novembre 2019 et la seconde un an plus tard, il y une différence de 8 points. Les consultations médicales ont chuté, les femmes se sont tournées davantage vers leur entourage que vers leur médecin", précise Christelle Ratignier-Carbonneil.
Mais le bouche-à-oreille a tendance sur le sujet à véhiculer de fausses informations. Ainsi selon l'ANSM, 4 femmes sur 10 pensent que l'ibuprofène n'est pas dangereux pour la santé du fœtus. Et pourtant : comme tous les antiinflammatoire non stéroïdiens, celui-ci peut déclencher d'importants retards de croissance.
"Il faut être vigilant quelque soit le moment de la grossesse"
Les effets délétères varient d'un type de médicaments à l'autre. L'isotrétinoïne, contre l'acné, et certains antiépileptiques peuvent avoir des conséquences sur la formation des organes. A l'inverse, la prise d'un traitement régulier et non validé par un professionnel de santé peut aussi entrainer un effet de privation chez le nourrisson. "Il faut être très vigilant quelque soit le moment de la grossesse et absolument demander conseil, y compris pour les médicaments les plus courants."
Christelle Ratignier-Carbonneil recommande par ailleurs de ne surtout pas arrêter un traitement chronique de son propre chef pendant la grossesse. Dans la plupart des cas, un substitut non nocif pour le fœtus peut être prescrit par un médecin. Dans tous les cas, il convient de surveiller de près chaque prise de comprimé.
Attention enfin à l'homéopathie. "Ce n'est pas parce que c'est naturel que c'est sans danger", souligne la directrice de l'ANSM, rappelant que de nombreuses préparations contiennent de l'alcool, dont la toxicité n'est plus à démontrer.