Le débat autour des pesticides est relancé après une nouvelle étude présentée mardi matin. Des traces de pesticides ont été retrouvées dans des échantillons de poussière collectés dans une vingtaine de maisons proches de parcelles agricoles. Ces pesticides contiennent des perturbateurs endocriniens qui peuvent provoquer des dérèglements hormonaux.
25 types de pesticides retrouvés. Cette étude, présentée par Générations Futures, affirme que des centaines de milliers de personnes en France seraient concernées. Les plus fortes concentrations en pesticides se trouvant près des vignes, en Bourgogne, dans le Bordelais ou en Alsace. Et, cette contamination aurait lieu toute l’année et non pas uniquement pendant les périodes d’épandage. Europe 1 a rencontré Marie. Chez elle, par exemple, on a trouvé 25 types de pesticides différents. Elle habite au sud de Lyon avec son mari et ses enfants à cinq mètres d’un verger. "C’est comme une pluie très fine que l’on reçoit dans nos assiettes et sur nous. Nous avons régulièrement des dépôts jaunes sur les tables. Mon fils et mon mari ont des allergies depuis qu’on habite ici mais quelle est la suite ? Mon père est mort d’un lymphome, ce n’est pas anodin quand même. Et cela peut être dû aux traitements", explique-t-elle.
Une étude à grande échelle. Des retards de croissance ou encore de l’obésité, la liste des conséquences des perturbateurs endocriniens est longue. Sauf qu’à l’échelle européenne il n’existe pas de liste de ces perturbateurs endocriniens et des risques qu'ils présentent, d’où l’appel de l’ONG en plein Salon de l’agriculture. Générations Futures demande, en effet, une étude à plus grande échelle. Et une manifestation se tiendra d’ailleurs mardi après-midi à Bordeaux pour demander l’interdiction des pesticides.
"La psychose n'est pas du tout exagérée". Cette manifestation fait suite au documentaire de Cash Investigation diffusé en début du mois sur France 2. Martin Boudot, le réalisateur de ce documentaire était l’invité d’Europe 1 mardi. Pour le journaliste à Premières Lignes, "la psychose n’est pas du tout exagérée et la preuve en est l’ensemble des publications scientifiques. Il ne faut pas faire dans l’alarmiste mais la littérature scientifique est de plus en plus en accord avec le fait qu’il faut faire attention à l’exposition aux pesticides", assure-t-il.
"Il y a un lobbying intense". Selon lui, "il y a une vraie révolution, ce sont les perturbateurs endocriniens. On s’est rendu compte qu’à très faible dose, ces perturbateurs peuvent avoir des effets très importants comme des cancers, de l’obésité ou du diabète. L’Europe devait définir en 2013 ces perturbateurs endocriniens mais il y a eu un très fort travail de lobbying intense de la part de multinationales comme Bayer, BASF ou autres géants de la chimie qui ont dit "attention si vous définissez ces perturbateurs endocriniens cela va coûter des emplois"".
"Je ne demande qu'à voir". Pour Martin Boudot il est donc urgent de redéfinir tout notre modèle agricole mais il l'admet, "les multinationales n’ont pas du tout intérêt à revoir ce modèle". Maintenant, c'est donc au tour du ministère de l'Agriculture " de prendre ses responsabilités" pour le journaliste qui précise, "le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll s’est engagé devant nos caméras à réduire de 50% la part des pesticides d’ici 2025 et à interdire les pesticides les plus dangereux. Et bien je ne demande qu’à voir !".