Tandis que Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France, se disait mercredi satisfait au micro d'Europe 1 par l'augmentation du budget de l’hôpital annoncé par le gouvernement, Christophe Prudhomme, médecin urgentiste et porte-parole de l'association des médecins urgentistes de France, est lui beaucoup moins enthousiaste.
"La réponse n'est pas à la hauteur", regrette-t-il, d'emblée. "On nous propose 300 millions d'euros de plus dans le budget pour l'an prochain (Le budget des hôpitaux va bénéficier d'un coup de pouce d'1,5 milliard d'euros sur trois ans, dont 300 millions dès 2020, ndlr) alors que l'on demande quatre milliards, une prime de 800 euros annuels soit 66 euros brut par mois : est-ce à la hauteur de ce qui est réclamé par le personnel ? Absolument pas."
Des revendications non satisfaites
"Ça ne répond pas aux revendications qui ont été posées sur les effectifs supplémentaires, des augmentations de salaires très significatives pour tout le monde", conteste-il, avant de demander "que l'on arrête de fermer des lits et des hôpitaux". "Ce que nous réclamons aujourd’hui, ce n'est pas un saupoudrage de mesures spécifiques", poursuit-il. Au nom du personnel, Christophe Prudhomme demande ainsi des "augmentations de salaires générales pour l'ensemble des soignants".
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La ministre de la Santé Agnès Buzyn a annoncé qu'une prime annuelle de 800 euros net serait attribuée de manière "pérenne" à quelque 40.000 infirmiers et aides-soignants vivant à Paris et sa proche banlieue et gagnant moins de 1.900 euros par mois. Mais, pour Christophe Prudhomme, d'autres problèmes doivent être réglés. "En Île-de-France, on aimerait bien que l'on ait une direction de l'assistance publique qui n’épuise pas le personnel", lance-t-il.
"L’hôpital public est en train de mourir"
Édouard Philippe a également annoncé mercredi que l'État allait reprendre 10 milliards d'euros de la dette des hôpitaux sur trois ans afin d'aider à "restaurer l'équilibre financier des établissements". Mais pour Christophe Prudhomme, les mesures doivent être plus radicales. "Aujourd’hui, l’hôpital public est en train de mourir. La question que nous posons à monsieur Macron, c'est : est-ce qu'il veut sauver l'hôpital public ou est-ce qu'il veut le tuer ?", s'interroge le médecin urgentiste.