C'est une idée reçue ancrée dans l'esprit de nombreuses personnes : il est déconseillé aux asthmatiques de faire du sport. Pourtant, la pneumologue Chantal Rahérisson l'assure, "quand les asthmatiques pratiquent une activité physique régulière, ils sont moins gênés pour respirer et font moins de crises". Invitée de Sans Rendez-vous sur Europe 1, celle qui est également présidente de la société de pneumologie de langue française explique pourquoi il est important de faire du sport même avec une fragilité pulmonaire, et comment procéder.
"Rééduquer" les muscles respiratoires
"Avoir une activité physique régulière est importante", insiste la pneumologue au CHU de Bordeaux. "Quand on est asthmatique, on va avoir tendance à en faire de moins en moins, à limiter les efforts. Mais en procédant de la sorte, les muscles respiratoires (diaphragme, muscles intercostaux...) vont avoir tendance à s'atrophier." Pour éviter le phénomène, la solution est de se (re)mettre au sport pour pouvoir "rééduquer" ces muscles, donc les renforcer.
Et à en croire la spécialiste, les résultats d'une activité physique sont sans appel : "l'asthme va mieux, tout comme le patient." Car avec le sport, un asthmatique va apprendre "à respirer correctement, ce que beaucoup de personnes ne savent pas faire, et à contrôler la respiration pendant l'effort".
Presque tous les sports sont possibles
Quant à savoir quel sport peut pratiquer une personne asthmatique, la spécialiste se veut rassurante : "en dehors de la plongée sous-marine, l'asthme n'est plus en tant que tel une contre-indication." Tennis, arts martiaux, football, basket, musculation... (presque) tout est donc possible. "Je crois que l'enjeu aujourd'hui est que chaque asthmatique exerce l'activité physique qui lui fasse plaisir", résume Chantal Rahérisson au micro d'Europe 1.
D'ailleurs, des champions sont asthmatiques. C'est notamment le cas de Thomas Busser, vice-champion de France cadet d'aviron en 2004.
Un traitement de fond nécessaire
Pour autant, un asthmatique ne doit pas se lancer dans un sport à l'aveugle. "Un patient doit avoir un plan d'action avec un traitement de fond pour diminuer l'inflammation au niveau de ses bronches et lui permettre de faire correctement son activité physique", prévient la pneumologue. Une consultation chez un spécialiste est donc nécessaire avant de s'offrir une bonne suée. Dans certains cas, le sport peut également être médicalement prescrit et adapté à l'intensité de l'asthme du patient. Il est également possible de se faire accompagner d'un professionnel.
Alors que l'asthme touche quatre millions de Français, dont de nombreux enfants, Chantal Rahérisson insiste aussi sur l'importance d'une prise en charge médicale et sportive dès que possible. Un processus qui peut amener les jeunes patients "à pouvoir récupérer une situation respiratoire normale et, finalement, ne rien s'interdire".