La société Carmat, qui développe un projet de cœur artificiel total, a annoncé mercredi avoir obtenu l'aval des autorités françaises pour démarrer son étude pivot, l'essai clinique final devant lui permettre d'obtenir à terme le marquage CE pour la commercialisation. Le Professeur Christian Latrémouille, chirurgien cardiaque à l’Hôpital Européen Georges Pompidou, a estimé jeudi sur Europe 1 que cette nouvelle étape constituait 'un "immense espoir".
Un cœur artificiel révolutionnaire. Conçu pour fonctionner comme un vrai cœur de remplacement sur le long terme, ce cœur artificiel a plusieurs singularités. "Il peut s’intégrer beaucoup mieux dans l'organisme, pour éviter le rejet et la formation de caillots à l'intérieur", explique le Pr Christian Latrémouille. "C'est aussi un cœur qui va s'adapter à l'effort, au débit cardiaque pour permettre au patient d'aller faire un jogging par exemple, et à l'arrêt du jogging de baisser le débit cardiaque", ajoute-t-il. "C'est prétentieux de dire qu'il fonctionne comme un vrai cœur, mais on s'approche de quelque chose de beaucoup plus naturel".
Carmat, "un immense espoir". "Seulement 5 à 7% des patients qui ont besoin de quelque chose, qui sont en insuffisance cardiaque, sont pris en compte dans le programme de transplantation classique. Ça veut dire qu'on laisse de coté entre 90 et 95% des patients", observe le professeur. "Un programme tel que Carmat n'a pas l'objectif de couvrir les 90% restants mais si déjà on faisait 20 à 30%, ce serait déjà énorme". La nouvelle étude pivot doit porter sur "20 à 25 patients suivis à 180 jours" dans dix centres d'implantation en Europe, avait précédemment indiqué Carmat.
"On avance prudemment, pas à pas". Les quatre premiers patients de l'étude de faisabilité sont aujourd'hui tous décédés, mais l'objectif d'une survie à 30 jours après l'implantation pour au moins la moitié d'entre eux avait été atteint, ouvrant la voie à l'étude pivot. "L'objectif de ces premiers essais était d'avoir une survie à 30 jours. Alors bien sur, ça nous paraît court, c'est évident, mais on avance prudemment, pas à pas", rappelle Christian Latrémouille. "Le profil des patients va évoluer en tirant les conclusions de la première étude. On élargit sur des patients un petit peu moins malades", détaille-t-il.