Les infirmiers ne sont pas contents. Mais alors vraiment pas. Alors qu'ils se battent depuis des années afin que le travail nocturne soit mieux rémunéré, ils viennent d'apprendre que leur prime de nuit allait augmenter… d'1 euro 50. "C'est une blague ?", s'offusque la coordination nationale infirmière (CNI).
15 centimes de l'heure supplémentaire. La ministre de la santé Marisol Touraine a en effet annoncé vendredi sa décision de revaloriser la prime de nuit des infirmiers à hauteur de 1,50 euros net pour 10 heures de travail, soit 15 centimes de l'heure. La prime passerait ainsi de 9 euros la nuit à 10,50 euros. "Il ne s'agit pas d'une erreur de frappe", s'afflige la CNI, qui prend la nouvelle "comme un grand coup de massue, au sens propre du terme, sur la tête des soignants".
Un travail pas assez valorisé. "Ce n'est pas ce que ça vaut", plaide ainsi sa présidente sur Europe 1. "Une infirmière ou une aide-soignante, ça n'arrête pas : faire des injections, devoir changer les gens la nuit, être présent, répondre à la sonnette… Il ne faut pas croire, on ne dort pas. L'époque des veilleuses, il y a longtemps qu'elle est révolue", insiste Nathalie Depoire. Malgré cette hausse, certaines infirmières, notamment celles qui sont seules dans leur foyer avec un enfant et qui doivent payer des frais de garde la nuit, continuent à travailler à perte.
Pour seulement 3% des soigneurs. "C'est presque de la provocation", poursuit Nathalie Depoire. "Quand on voit qu'en plus, ça ne s'appliquera pas à tous les soignants, qu'est-ce qu'on veut passer comme message derrière ?", s'interroge-t-elle. Cette petite majoration ne serait en effet destinée qu'au personnel des services de réanimation ou d'urgence, les services dits "intensifs". Au mieux, cela concernerait donc 23.100 agents, soit seulement 3% des soigneurs en France. "Les personnels qui travaillent auprès des personnes âgées ou auprès des services de médecine ont pourtant la même contrainte", explique la présidente du CNI.
"Cinq ans de supplice". Et de conclure, via un communiqué : "Absence de considération, cynisme et dédain, l’attitude de Marisol Touraine au ministère de la Santé aura été finalement assez constante pendant ces cinq ans de supplice… cinq ans interminables. Que de violences, que de souffrances et au final, que d’insultes, pour des soignants qui auraient juste aimé être traités avec dignité !". La profession attend désormais beaucoup du futur locataire de l'Avenue de Ségur, à cinq jours du second tour de l'élection présidentielle.