Il ne sera pas étonnant dans les prochaines années de voir cette pratique se développer. Les aliments faits à base de farine d’insectes, comme le grillon ou le criquet, se retrouveront de plus en plus sur les étagères de nos supermarchés, après le feu vert donné par la Commission européenne pour sa mise sur le marché. Si l’on vante les mérites de cette forme d’alimentation, notamment pour son riche apport en protéines, il n’est pas anodin de bouleverser notre consommation alimentaire avec une telle pratique, du moins en Occident.
En effet, selon les avis des scientifiques de l’EFSA, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, il est possible de développer des allergies après avoir consommé des denrées alimentaires dérivées d’insectes. "Elles peuvent être causées par la sensibilité d’un individu aux protéines d’insectes, par une réactivité croisée avec d’autres allergènes ou par des allergènes résiduels provenant d’aliments pour insectes, par exemple le gluten."
Risques infectieux et allergies
Un constat que partage le Professeur Alain Didier, pneumologue et allergologue au CHU de Toulouse. "Il y a des risques infectieux parce que les insectes véhiculent bon nombre de parasites, de virus ou de bactéries, qui sont sur eux, tout comme le monde animal", explique-t-il. Il ajoute par ailleurs que "dans un certain nombre de cas, il peut y avoir un risque allergique ou allergologique, notamment chez des gens qui ont déjà des allergies alimentaires."
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En outre, les habitudes de consommation européennes ne sont pas à négliger pour Audrey Budakci, nutritionniste et spécialiste en micronutrition à Boulogne-Billancourt. Cette dernière estime que nos estomacs ne sont aptes à correctement digérer les insectes, comme les aliments qui en sont dérivés. "Il faut savoir que dans les insectes, il y a ce qu’on appelle de la chitine, c’est une substance qui résiste à leur décomposition. Sauf que nos enzymes et nos intestins ne sont pas forcément capables de réduire la chitine en toutes petites molécules pour pouvoir la digérer", prévient-elle.
La prudence conseillée aux enfants et femmes enceintes
Ces deux spécialistes s’accordent en outre sur les personnes les plus enclines à développer ces effets, pour le moins indésirables : celles qui présentent déjà des allergies alimentaires, notamment vis-à-vis des protéines animales, comme les mollusques ou les crustacés. Audrey Budakci renchérit en conseillant aux femmes enceintes, aux personnes immunodéprimées et aux enfants, de faire appel à un spécialiste avant d'ingérer ce type de produits.
Enfin, si l’agence européenne reste prudente sur les effets potentiellement néfastes des insectes sur la santé, elle reconnaît que les données concernant leur apport énergétique peuvent être surfaites. "Les formulations des insectes peuvent être riches en protéines, bien que les véritables niveaux de protéines puissent être surestimés lorsque la chitine, un composant majeur de l’exosquelette des insectes, est présente."
De quoi vous encourager à regarder les étiquettes au dos des emballages lorsque vous ferez vos prochaines courses !