Les ordonnances de psychotropes pour les enfants et adolescents sont prescrites à foison selon le Haut Conseil de la famille. Dans son rapport, l'organisme dévoile que les ordonnances de sédatifs et antidépresseurs ont doublé en dix ans. Une consommation excessive qui peut s'expliquer par la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, des contextes pesants pour la jeunesse. Évidemment, ce rapport ne convient pas aux psychiatres et jeunes praticiens, qui ont signé une tribune pour défendre l'intérêt de ces médicaments.
Pour le docteur Boris Chaumette, les psychotropes sont nécessaires pour les enfants qui souffrent de troubles psychiatriques lourds. "Il y a des maladies où c'est indispensable d'avoir un traitement. Par exemple, le trouble bipolaire, la schizophrénie, les dépressions sévères", liste le psychiatre hospitalier. "Il y a des médicaments qui sont évalués, qui sont sans effets secondaires, qu'on peut donner, y compris à des enfants, et qu'il faut donner pour améliorer les symptômes, voire qu'il est obligatoire de donner parce que ça fait partie de la prise en charge."
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"Une perte de chance pour les patients"
Le psychiatre, également signataire de la tribune pour une psychiatrie du 21e siècle, craint qu'à cause de ce rapport du Haut conseil de la famille, certains parents décident d'éviter les traitements médicamenteux à leurs enfants, ce qui aurait de graves conséquences. "Jouer sur la peur, ça risque de faire en sorte que les patients se détournent des soins", redoute-t-il.
"À partir du moment où on a une évaluation d'un traitement qui fonctionne, mais qu'on ne le donne pas à un patient à ce moment-là, c'est une perte de chance pour les patients." En effet, selon Boris Chaumette, contrairement aux croyances, beaucoup de psychotropes prescrits ont peu ou pas d'effets secondaires et permettent aux patients de diminuer leurs symptômes, voire de les guérir.