Reconfiner seulement les personnes à risque est-il une option envisageable ? Cette idée, le président du conseil scientifique, Jean François Delfraissy l'avait évoqué au printemps dernier déclenchant un tollé dans l'opinion. Pour la professeure Odile Launay, infectiologue, coordinatrice du centre de vaccinologie des hôpitaux parisiens Cochin/Broca/Hôtel-Dieu, les circonstances ont changé, notamment avec l'arrivée du vaccin contre le coronavirus, ce qui pourrait justifier cette mesure.
Eviter un arrêt complet du pays
Les scientifiques sont de plus nombreux à alerter sur l'inéluctabilité de mesures restrictives - voire d'un nouveau confinement - mais tous ne sont pas d'accord sur ses modalités. Pour Odile Launay, la piste d'un confinement ciblé, ne touchant que les personnes vulnérables, "parait une mesure qui devrait être vraiment étudiée pour éviter un arrêt complet du pays comme on a pu le vivre lors de la première vague". Cette mesure permettrait de préserver l'économie, "mais aussi l'accès des enfants à l'école, des jeunes à l'université. On voit qu'il y a des difficultés qui augmentent chez les jeunes".
En mai dernier, le gouvernement avait exclu cette possibilité, face à la réticence de l'opinion. Mais selon Odile Launay, la situation a changé grâce aux vaccins, très efficaces, dont on dispose. Selon l'infectiologue, "on va avoir très vite la possibilité de protéger ces personnes qui sont le plus à risque d'être infectées et de développer des formes sévères". Or, rappelle-t-elle, "le confinement a un objectif principal qui est la prise en charge dans les meilleures conditions des formes sévères".
Vacciner 18 millions de personnes
Cette stratégie repose donc sur une vaccination massive. "Vacciner 18 millions de personnes en quelques semaines, c'est une gageure", reconnait Odile Launay. "Mais on va tout faire pour le faire le plus vite possible et permettre de protéger ces personnes." Selon elle, cela est envisageable car "la campagne de vaccination s'intensifie : nous sommes à plus de 500.000 personnes vaccinées en France. Maintenant, la problématique est liée à l'approvisionnement".
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Elle compte donc sur l'arrivée sur le territoire français du vaccin Astra Zeneca, toujours en attente d'approbation par les autorités sanitaires. "On espère bénéficier d'un nouveau vaccin, au moins de février, qui devrait permettre de vacciner plus vite un plus grand nombre de personnes", explique-t-elle. Ce vaccin peut en effet se conserver bien plus facilement, au réfrigérateur, que ceux actuellement en circulation qui demandent un congélateur.