La ministre de la Santé Agnès Buzyn a promis lundi de consacrer "plus de 750 millions d'euros" entre 2019 et 2022 pour la "refondation des services d'urgences", touchés par un mouvement de grève inédit de près de six mois. Cette somme, qui ne s'ajoutera pas au budget déjà prévu pour les dépenses de santé mais sera puisée dans des crédits existants, servira à financer diverses mesures visant à désengorger les urgences en s'appuyant davantage sur la médecine de ville et en accélérant les prises en charge.
Mais à ce stade, le ministère ne prévoit pas d'ouvertures de lits ni d'augmentations de salaire, comme le réclament les grévistes. 80% de ce financement "sera dédié aux ressources humaines, aux moyens humains, de recrutements ou de renforts", a poursuivi la ministre.
Douze mesures, dont un "service d'accès aux soins" en ligne ou par téléphone
La création d'un "service d'accès aux soins" (SAS) figure en revanche parmi la douzaine de mesures présentées lundi par la ministre aux représentants des personnels et dirigeants hospitaliers, ainsi qu'aux syndicats de médecins libéraux et au collectif Inter-Urgences, à l'origine de la grève. En ligne ou par téléphone, 24 heures sur 24, ce service orientera les patients vers une consultation en ville ou une téléconsultation ou vers les urgences, éventuellement via l'envoi d'une ambulance. D'un coût évalué à 340 millions d'euros, ce service doit être mis en place "à l'été 2020", a précisé Agnès Buzyn, pour qui "l'heure n'est plus aux constats mais aux solutions".
L'idée est aussi d'orienter mieux les patients vers les services spécialisés dans leur pathologie. Des maisons médicales de garde seront également ouvertes 24h/24 et sept jour sur sept, près des services d'urgence, pour mieux orienter les patients vers les services concernés. Parmi les objectifs affichés par la ministre : qu'il n'y ait plus de patients de plus de 65 ans aux urgences d'ici cinq ans.
Au total, ce sont 12 mesures qui ont été annoncées par Agnès Buzyn, dont une réforme du financement des urgences et le développement de protocoles permettant des prises en charge par les kinésithérapeutes ou les pharmaciens.
Une cellule sera également créée pour recenser les lits disponibles dans chaque groupe hospitalier.
Enfin, concernant le personnel intérimaire, la ministre veut instaurer un principe : que les vacataires n'aient plus le droit de cumuler plusieurs emplois.
Les syndicats déçus
Ces annonces, qui ne comprennent ni ouverture de lit, ni revalorisation salariale, n'ont pas vraiment été accueillies avec enthousiasme par les syndicats. La ministre "se refuse complètement à revaloriser les métiers soignants, il y a un tel déni des professions paramédicales, c'est assez fou", a regretté auprès de l'AFP Hugo Huon, le président du collectif Inter-urgences à l'origine du mouvement de grève. Il a notamment déploré qu'il n'y ait "rien sur les lits, rien sur les postes". Rappelant que le collectif doit se réunir mardi en Assemblée générale, il a estimé que "les gens sont très sceptiques" sur ces annonces.
De son côté, la CGT, qui a appelé à manifester mercredi, a dénoncé des "annonces décevantes" qui ne seront "effectives qu'à moyen voire long terme".