"On est en tension depuis le début de la crise", rappelle Élisabeth Gaertner, cheffe du service anesthésie et réanimation de l'hôpital Louis Pasteur à Colmar (Grand Est). Invitée du journal de 18h sur Europe 1, jeudi, la médecin a averti de nouveau sur la situation de son hôpital, exsangue face à l'afflux de patients atteints de coronavirus. "On manque de tout", déplore-t-elle.
"Le stock va tenir jusqu'à lundi"
Si Élisabeth Gaertner dit avoir alerté depuis quatre semaines sur les respirateurs de réanimation pour ventiler les patients, elle ajoute ne jamais rien avoir reçu depuis. Problème : avec le temps et les patients toujours plus nombreux dans les services de réanimation, les manques de matériel s'accumulent.
"Nous sommes en rupture totale de surblouses pour nos infirmiers et infirmières", précise la cheffe de service, ajoutant être aussi à la recherche d'appareils de dialyse et, depuis cette semaine, d'appareils standards de réanimation. "Le stock va tenir jusqu'à lundi."
Se déclarant inquiète par toutes ces ruptures au niveau national, Élisabeth Gaertner affirme que le plus préoccupant demeure le fait que ces pénuries s'appliquent aussi bien aux équipements lourds de réanimation qu'aux "consommables". Autrement dit, le matériel à usage unique. "Vous vous rendez compte qu’il n’y a plus de sondes gastriques ?", s'alarme la cheffe de service.
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"On est encore dans le pic"
Le Grand Est a été la première région violemment touchée par la pandémie de coronavirus en France. Mi-mars sur Europe 1, le président du Conseil régional, Jean Rottner, s'alarmait d'une situation "critique" pour les établissements de la région, saturés et en cruel manque de personnel et de matériel.
Au début de la crise sanitaire, des services ont fermé de façon anticipée au sein de l'hôpital Louis Pasteur pour "redistribuer" le personnel dans les unités Covid médicales puis de réanimation, explique Élisabeth Gaertner. "On a arrêté le programme opératoire avant que la consigne ne soit donnée au niveau national pour récupérer les infirmiers anesthésistes de réanimation, les aides soignants et les infirmiers de salles de réveil", développe-t-elle.
Plus de deux semaines plus tard, "on est encore dans le pic", affirme Élisabeth Gaertner. "On a le sentiment qu’on arrive à un plateau depuis 36 à 48 heures", ajoute-t-elle, disant espérer un ralentissement de cet afflux massif de patients. "Il y a un peu moins d’admissions, au niveau des urgences, de patients très graves arrivant en réanimation", explique la cheffe de service. "On espère que cela va se calmer."
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