Ils sont souvent moqués et parfois minimisés. Mais les troubles du sommeil, comme les ronflements et plus encore les apnées du sommeil, sont à prendre très au sérieux, et pas seulement parce que cela peut incommoder les proches. Ils traduisent une fatigue parfois dangereuse (somnolence au volant, par exemple) et sont synonymes parfois de risques vitaux. Invité dans le Magazine santé, sur Europe 1, le docteur Yves-Victor Kamami, ORL à Paris et lauréat en 2010 de l’Académie américaine d’oto-rhino-laryngologie, fait le point sur les différentes pathologies et sur les façons de les soigner.
À quoi sont dus les ronflements ?
"Le ronflement est lié à une vibration des tissus, au passage de l'air, lorsqu il y a une sorte de rétrécissement des voies aériennes", explique Yves-Victor Kamimi. Le ronflement, qui apparaît surtout à partir de 40-50 ans chez les hommes, et une dizaine d'années plus tard chez les femmes, peut être de deux origines. Il est soit d'origine vélaire, c'est-à-dire au niveau du voile du palais et de la luette, cette petite excroissance de chair qui pend à l'entrée de la gorge. Le ronflement de type vélaire est le plus courant, le plus gênant aussi (il peut atteindre 90 décibels, soit "le bruit d'un poids lourd en pleine action"), comme le laisse entendre son surnom traditionnel de ronflement du cochon.
Le second type de ronflement est d'origine linguale, au niveau de la langue, avec un ronflement qui s'apparente à un sifflement. "C'est le ronflement qu'on a souvent sur le dos, plus que sur le côté, et ce ronflement lingual est lié au relâchement musculaire, qui peut être lié à la fatigue ou à l'alcool."
La radiofréquence et le laser, solutions face au ronflement d'origine vélaire
Un rendez-vous chez un ORL permet de déterminer de quel type de ronflement souffre le patient. Dans le cas du "ronflement du cochon", le plus fréquent (80% des cas), il peut être traité de deux façons.
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"Il y a tout d'abord la radiofréquence, le recours à un petit appareil qui permet de retendre, comme un lifting, la luette", explique le docteur Kamami. "L'inconvénient de la radiofréquence, c'est que ce n'est pas définitif. Tous les deux ans, il faut procéder à nouveau à l'opération. "L'autre technique, le laser, consiste à faire une petite fente au milieu de la luette. Cette petite opération d'un quart d'heure sous anesthésie locale, comme chez le dentiste, permet d'enlever définitivement le ronflement de la luette Elle continue de travailler comme avant, au niveau de la voix comme de la déglutition."
L'orthèse contre le ronflement lingual
Les remèdes sont différents concernant le ronflement lingual. "En cas de ronflement lingual, l'orthèse est un appareil qu'on met dans la bouche la nuit et qui va permettre d'avancer les dents du bas par rapport à celle du haut", explique l'ORL. "Il y a deux types d'orthèse, l'orthèse du pharmacien, qui n'est pas sur mesure. Après qu'on l'a mis dans l'eau chaude, elle va se mouler au niveau des dents du palais. Et puis, il y a l'orthèse du dentiste qui va être faite sur mesure, avec une empreinte, comme le cache-dents des boxeurs."
Attention, le port de l'orthèse peut être parfois douloureux et, pour se familiariser à l'objet, le docteur Kamami conseille de "commencer peut-être par l'orthèse du pharmacien, plus simple mais aussi beaucoup moins chère".
Qu'appelle-t-on apnée du sommeil ?
"L'apnée du sommeil, c'est comme un plongeur qui est en position marine, qui s'arrête et qui bloque la respiration", explique le docteur Kamami. Comment savoir que notre flux respiratoire diminue ou s'arrête pendant notre sommeil ?
"Le principal moyen de le savoir, c'est la somnolence. Le ronflement est un signal d'alarme, mais s'il y a en plus somnolence dans la journée, plusieurs fois, même pendant son travail, ou au volant, c'est ce qui doit conduire à consulter immédiatement un médecin ORL - plus à même de faire le bon diagnostic -, ou ou un pneumologue et faire un enregistrement du sommeil.
En quoi cela consiste-t-il ? "Le patient dort à la maison et ramène l'appareil qu'on lui a donné le lendemain, avec toutes les courbes d'oxygène dans le sang, la fréquence cardiaque, les courbes d'enregistrement des apnées et des hypopnées, c'est-à-dire l'arrêt respiratoire pendant plus de dix secondes. On voit ainsi le nombre de fois où la personne s'arrête de respirer."
Des risques importants, des précautions à prendre
L'apnée du sommeil est à prendre très au sérieux. "Il y a effectivement des risques de mort subite pendant le sommeil, des risques d'AVC, et on sait aujourd'hui qu'une grande partie des cas d'hypertension, la moitié au moins, sont provoqués par l'apnée du sommeil", explique le docteur Kamami. "J'ai un patient qui, grâce à son traitement contre l'apnée du sommeil, a ainsi arrêté celui contre l'hypertension." Plusieurs traitements sont possibles pour lutter contre ce syndrôme d'apnées du sommeil, ou SAS.
"Pour les apnées très sévères, 30 hypopnées par heure, on va mettre à disposition du patient un masque à pression positive, qui va permettre de forcer le passage au niveau des voies aériennes, toute la nuit pendant qu'on dort", souligne le médecin ORL. "Ils sont plus performants aujourd'hui, avec un matériel silencieux, qui ne va pas réveiller le conjoint, et le masque n'est pas trop invasif pour le patient." Mais la moitié des patients ne le supportent pas et on peut dès lors leur proposer l'orthèse, quand il s'agit d'un ronflement lingual, le laser ou la radiofréquence quand il s'agit d'un ronflement d'origine vélaire.
Les enfants concernés eux aussi. Des précautions sont aussi à prendre pour les enfants atteints de ronflements, qui vont perturber son sommeil et donc sa journée. Les parents peuvent vérifier si la taille des amygdales n'est pas trop grande et, le cas échéant, décider de l'emmener chez l'ORL faire un enregistrement du sommeil.