Maladie bien connue pouvant exister sous plusieurs formes, l'hépatite touche encore de nombreux patients qui l'ignorent et peut, dans certains cas, déboucher sur une cirrhose ou un cancer du foie. Invité jeudi de Sans rendez-vous, sur Europe 1, le Pr Patrick Marcellin, hépatologue à l’hôpital Beaujon de Clichy, a rappelé les caractéristiques des principales formes d'hépatite, et précisé les différents traitements ou vaccins disponibles.
Qu'est ce que l'hépatite ?
L'hépatite au sens général est une inflammation du foie, pouvant être provoquée par cinq virus, A, B, C, D, et E. Les virus D et E "sont plus rares", précise Patrick Marcellin, qui rappelle également la distinction nécessaire entre les "hépatites aiguës, qui vont durer quelques jours ou semaines" et les hépatites chroniques, "qui vont durer, plus de six mois, des années, voire des dizaines d'années". Les hépatites chroniques peuvent déboucher à terme sur un risque de cirrhose ou de cancer du foie.
Ces maladies sont parfois difficiles à diagnostiquer, en raison de symptômes qui peuvent rester discrets pendant des années. "Le foie souffre en silence", explique Patrick Marcellin, et les infections peuvent ainsi évoluer vers une cirrhose et un cancer du foie sans que les patients concernés n'aient été au courant d'avoir été atteints par une hépatite. "On considère qu'on ne connaît pas plus de la moitié des cas d'hépatite B", illustre-t-il, tandis qu'"au moins 70.000 patients ont une hépatite C chronique et ne le savent pas".
L'hépatite A
L''hépatite A est parfois surnommée "l'hépatite du voyageur". "Rare en France", comme le rappelle Patrick Marcellin, elle s'attrape par les eaux usées ou les aliments contaminés, le plus souvent en Afrique ou en Asie. "En France, elle concerne souvent des sujets qui reviennent de vacances, l'incubation étant de l'ordre de deux à trois semaines".
Hépatite virale "la plus fréquente" dans le monde, l'hépatite A "est généralement bénigne et guérit presque toujours". En revanche, une forme rare peut être grave : l'hépatite fulminante, qui a une très forte mortalité, "80% si on ne fait pas de transplantation hépatique en urgence", précise Patrick Marcellin.
L'hépatite B
Pour l'hépatite B, qui concerne "300 millions de porteurs dans le monde", "le risque n'est pas l'hépatite aiguë, mais chronique", explique l'invité d'Europe 1. Sa transmission se fait généralement à la naissance, de la mère à l'enfant. Mais ce mode de transmission est très rare en France, étant "prévenu par la vaccination systématique à la naissance, et le dépistage systématique des femmes enceintes", précise Patrick Marcellin.
Le virus B peut aussi se transmettre par voie sexuelle. "C'est une MST, confirme Patrick Marcellin, "plus contagieuse que le VIH". "Un sujet porteur du virus B a 10 millions, 100, voire un milliard de virus par millilitre de sang", ajoute-t-il. Mais pour ce virus aussi, "la prévention fonctionne très bien", avec notamment un vaccin obligatoire pour les enfants nés après 2018, et fortement recommandé pour les autres. Ce vaccin, assure Patrick Marcellin, "est parfaitement inoffensif et est très efficace".
Une fois attrapé, l'hépatite B ne se guérit par contre jamais complètement. "On n'arrive pas à détruire complètement le virus. Par contre, on peut le bloquer et éviter la maladie du foie", indique l'hépatologue. Ces traitements, ajoute-t-il, sont "très bien tolérés".
L'hépatite C
Découverte en 1989, l'hépatite C est "un virus resté longtemps caché", explique Patrick Marcellin, mais qui touchait néanmoins "1% de la population française à l'époque", et concernait essentiellement "les transfusés, les usagers de drogues en intraveineuse, et les transplantés". Elle peut également s'attraper sexuellement, mais rarement. "L'hépatite C est rare dans les rapports hétérosexuels", confirme le médecin, mais "il y a eu des épidémies au sein de populations de personnes homosexuelles avec des pratiques à risque, comme dans le cas d'un rapport hémorragique".
Depuis 2014, un traitement existe contre l'hépatite C, avec "l'arrivée des premiers antiviraux directs qui bloquent la multiplication du virus". Et selon Patrick Marcellin, "le traitement est très efficace".