Selon une étude de l’UFC-Que Choisir, huit médicaments périmés sur dix conservent 90% d’efficacité

© PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Laura Laplaud
L'UFC-Que Choisir a dévoilé jeudi dernier les résultats d’une étude montrant que l’écrasante majorité de médicaments à base de paracétamol ou d’ibuprofène testés conservent leur efficacité bien après la date de péremption affichée sur les boîtes.

Nos médicaments périmés sont-ils encore efficaces ? Selon une étude publiée jeudi par l'UFC-Que Choisir, huit médicaments sur dix contiennent suffisamment de substance active pour être considérés comme efficaces, à savoir 90%. L'association de consommateurs a annoncé saisir l'Agence nationale de sécurité de médicaments et des produits de santé (ANSM) "afin qu’elle mette en œuvre l’ensemble des mesures permettant d’éviter ce gaspillage de médicaments".

Pour parvenir à ce résultat, l'UFC-Que Choisir a mené des tests, avec un laboratoire spécialisé, sur 30 boîtes de comprimés, gélules ou sachets de paracétamol ou d’ibuprofène, qui, d’après les fabricants, sont périmées. Selon l'UFC-Que Choisir, le résultat est "sans appel" : "Dans 80 % des cas, les médicaments contiennent suffisamment de substance active pour être considérés comme efficaces."

"Nos résultats suggèrent qu’il n’y a aucune relation entre l’année de péremption des médicaments et la quantité de substance active encore présente. Preuve en est du paracétamol censé être périmé depuis 1992 présente encore… 100% de substance active !", affirme l'association. Pour l'UFC-Que Choisir, qui a dénoncé une "véritable gabegie environnementale, économique et sanitaire", ce constat est "particulièrement inquiétant" dans un contexte de pénuries et tensions d’approvisionnement de médicaments.

Des conséquences triplement néfastes

Selon l'association, jeter des médicaments efficaces a trois impacts majeurs : économiques, environnementaux et sanitaires. Tout d'abord, des conséquences économiques puisque cela a un coût pour le système hospitalier et l’assurance maladie. Du point de vue environnemental, cela génère "un surcroît inutile de déchets" et sur le plan sanitaire, cela entraîne l'augmentation "artificielle" de la demande de médicaments qui "participe aux pénuries ou aux tensions d’approvisionnement". L'association dit "s'interroger sur le fait que l'ANSM retienne une vision beaucoup plus restrictive que les autorités américaines pour déterminer si un médicament conserve ou non ses vertus thérapeutiques".

Faut-il apposer une date de péremption sur les boîtes de médicaments ? C'est la question que se pose l'association qui se demande aussi "si" du point de vue des laboratoires, "les critères économiques prennent le pas sur les critères scientifiques".