L'état de santé des soignants est préoccupant et doit devenir une "priorité" stratégique du système de santé, alerte un rapport remis lundi au gouvernement, qui propose des pistes en vue d'une "feuille de route pluriannuelle" ministérielle, prévue pour décembre. La ministre déléguée chargée des professions de santé, Agnès Firmin le Bodo, avait confié en mars une mission à trois professionnels (infirmier, chirurgien et médecin généraliste), et lancé une consultation, qui a réuni près de "50.000 contributions" de soignants.
Un enjeu secondaire
"Bien que ces professionnels aient un contact permanent au soin, leur propre santé est trop souvent un enjeu secondaire, qui n'entre en considération que beaucoup trop tard face à l'évolution d'un mal-être ou d'une pathologie", soulignent les auteurs. Cette "difficulté croissante" a été "mise en lumière" par la pandémie de Covid-19.
D'après les résultats de cette consultation, le temps de travail hebdomadaire des soignants dépasse en moyenne les 40 heures, avec notamment 46 heures pour les professionnels libéraux et 53 heures pour les médecins généralistes. Deux tiers (64%) se sentent fatigués, et 77% estiment qu'ils ne dorment pas suffisamment. Lorsqu'on leur propose d'attribuer une note à leur niveau de stress, plus d'un quart donne la note de 9/10 (10/10 étant un stress majeur).
Plus d'un soignant sur deux (55%) déclare avoir connu un ou plusieurs épisodes d'épuisement professionnel, proportion qui monte à 61% chez les infirmiers et aide-soignants, ou 62% chez les médecins. Par ailleurs, 60% souffrent de douleurs chroniques et un tiers admet ne pas avoir une alimentation saine.
"Structure interministérielle"
Pour faire de leur santé une "priorité", la mission propose notamment de créer une "structure interministérielle" dédiée. Elle recommande une campagne de communication et un développement des connaissances, via un "bilan annuel" des soignants et étudiants ou encore par un parcours universitaire dédié. Les auteurs plaident pour former les professionnels et introduire des indicateurs spécifiques dans les processus de certification des établissements.
Ils préconisent de "repenser" l'offre de médecine du travail, avec des "équipes pluridisciplinaires" tournées vers la prévention, pilotées par un médecin et pouvant inclure des infirmiers de pratique avancée (IPA). Ils insistent encore sur "l'urgence de structurer une offre de soins robuste" en ville pour ces professionnels, la nécessité d'un "accès 24H/24 à un service confidentiel d'écoute" ou d'une "plateforme unique" réunissant diverses formes d'aide (hospitalière, psychologique, administrative, juridique...)