Seule une personne sur cinq reçoit les soins palliatifs dont elle a besoin avant de mourir. Pour remédier à cette inégalité et encourager le développement de ces soins de fin de vie, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a détaillé jeudi un vaste plan étalé sur trois ans (2016-2018). Le gouvernement mobilise ainsi 190 millions d'euros, dont 40 millions seront intégrés au budget de Sécu 2016. A quoi va servir cet argent ? On vous résume ce qui devrait changer.
Davantage de personnel. Chaque région devra disposer d'ici à 2018 d'au moins un lit de soins palliatifs pour 100.000 habitants, alors que certaines régions sont encore "très en deçà de cet objectif", a souligné Marisol Touraine. Six nouvelles unités de soins palliatifs seront ainsi créées en 2016. On en comptait 127 en 2013 pour 1.412 lits, selon les chiffres fournis par le ministère.
La majorité des Français souhaitant mourir chez eux, un effort sera fait pour développer les prises en charge à domicile et dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) afin d'éviter "les hospitalisations inutiles". "Au moins 30 nouvelles équipes mobiles de soins palliatifs" seront mises en place l'année prochaine, a promis la ministre.
Une meilleure anticipation. "Très peu nombreux" à être informés sur ce sujet, les Français doivent connaître leurs droits notamment concernant les directives anticipées (déclaration écrite sur leurs souhaits concernant leur fin de vie), a insisté la ministre qui a annoncé une campagne nationale de communication en 2016. Une mission d'information qui sera confiée au futur Centre national dédié aux soins palliatifs et à la fin de vie, né de la fusion du Centre national des ressources en soins palliatifs et de l'Observatoire national de la fin de vie.
Chaque Agence régionale de santé (ARS) devra en outre mettre en place "un schéma de repérage précoce" des patients qui ont besoin de ces soins, certaines demandes demeurant inaccessibles, car identifiées "trop tardivement", selon Mme Touraine. Des experts pourront ainsi être "susceptibles" de se déplacer au domicile du patient pour évaluer directement ses besoins en soins palliatifs.
Du personnel mieux formé. Enfin, la formation des professionnels sur le sujet sera "décloisonnée" avec, entre autres, la création d'une filière universitaire dotée d'un corps enseignant spécifique, dédiée aux soins palliatifs. Des enseignements interdisciplinaires entre les étudiants en philosophie, santé, psychologie, droit, seront créés, avec la mise en place dans le troisième cycle des études médicales une formation spécialisée en soins palliatifs et en médecine de la douleur.
Actuellement, il n'existe pas de véritable diplôme d'études spécialisées en soins palliatifs, mais une formation complémentaire aux spécialités. De même, il n'existe aucune obligation de formation dans le domaine, même pour les spécialités particulièrement confrontées à la fin de vie comme la gériatrie et l'oncologie.
Une réponse "partielle". L'annonce des détails de ce plan a suscité des réactions divisées. "Ces mesures sont assorties de moyens financiers qui montrent l’intérêt porté au développement et à la qualité de l’accompagnement et de la prise en charge en soins palliatifs des patients atteints de maladies graves", a salué la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) dans un communiqué. Elle reconnaît "une avancée notable où les termes accompagnement, interdisciplinarité, coordination, proximité, parole et aidants situent les soins au cœur de l’humanité". La SFAP prévient tout de même : elle reste attentive à la réalisation de ce plan dans les faits. Le collectif "Soulager mais pas tuer", pour sa part, regrette auprès de l'AFP un plan qui "ne pourra combler que partiellement le retard injustement accumulé depuis 2012".