Connaissez-vous la paraskevidékatriaphobie ? Ce mot compliqué et barbare définit la peur du… vendredi 13 ! Oui, oui, ça existe. Mais si c’est votre cas, rassurez-vous : il n’y aura pas de vendredi 13 cet été. Parmi les centaines de phobies qui existent, certaines sont bien plus fréquentes, comme la peur des éclairs, l’astrapéphobie, ou la peur de parler en public, la glossophobie.
Pour les personnes souffrant de ces pathologies, la confrontation à ces situations peut devenir un véritable cauchemar, allant jusqu’à déclencher des crises de panique. Le docteur Damien Mascret a expliqué quatre choses à savoir sur les phobies, mardi dans l’émission "Sans rendez-vous" sur Europe 1.
Y’a-t-il des phobies plus présentes en été ?
"En été, on peut rencontrer davantage certaines phobies comme la peur des voyages en avion : l’aérodromophobie (ou aviophobie) ; la peur des araignées, l’arachnophobie ; ou la peur des abeilles, l’apiphobie", détaille Damien Mascret. "Si vous êtes allergique aux abeilles, vous avez de bonnes raisons de craindre une piqûre. Mais quand on n’est pas allergique, c’est une peur qui n’est pas raisonnable", explique le docteur.
Autre peur qui peut être exacerbée par l’été : l’aquaphobie, la peur de l’eau. "L’aquaphobie est assez fréquente, notamment chez les enfants et même chez des personnes qui savent nager. Ce n’est pas toujours lié à un mauvais souvenir ou une expérience désagréable", dans une piscine ou à la mer par exemple.
Quels sont les symptômes d’une phobie ?
Pour autant, les phobies peuvent aussi provenir "d’éléments rationnels". "Dans l’apiphobie, vous avez raison d’avoir peur de vous faire piquer, et de l’arachnophobie on peut comprendre la crainte des araignées. On est plutôt dans l’aversion si on n’a pas une peur irraisonnée. C’est normal de trouver quelque chose répugnant, mais dans la phobie il y a des symptômes qui vont se manifester", explique Damien Mascret, avant de dresser une liste des effets, parfois douloureux, des phobies.
"On va trembler, on va transpirer, on va être trop pressés, on va avoir une sensation d’étouffement et on peut même avoir des nausées et des diarrhées. En résumé : le corps manifeste la peur. Quand on est submergés par l’angoisse, cela peut aller jusqu’à la peur de mourir si on n’échappe pas à la situation".
Damien Mascret prend l’exemple des aquaphobes, qui peuvent aller jusqu’à craindre de prendre une douche. "Quand on souffre d’aquaphobie, on a peur de mettre les pieds dans l’eau. Cela n’a rien à voir avec le fait de savoir nager. Certains aquaphobes vont par exemple se laver très rapidement et vont éviter de projeter de l’eau sur le visage. Mais on n’a pas trop d’explications sur l’origine de cette peur."
Certains phobiques ont ainsi développé une sensibilité exacerbée. "S’ils voient juste une photo ou entendent le nom de leur peur, cela peut déclencher la phobie et les symptômes".
Comment réagir face à un phobique ?
Si vous devez gérer une personne phobique, n’essayez pas de la raisonner. Selon Damien Mascret, "ça ne marchera pas, sauf si vous êtes un professionnel". "Une phobie est en fait une peur disproportionnée par rapport à la menace. Les arguments n’ont pas de prise dans ces moments-là, les émotions nous submergent", explique-t-il.
"Le pire, c’est d’obliger un phobique à affronter brutalement sa phobie", alerte le médecin. "C’est malheureusement ce qu’on voit encore avec certains parents, qui veulent obliger un enfant qui a par exemple peur d’aller dans l’eau."
Comment soigner les phobies ?
Damien Mascret prévient d’emblée : "On ne cherche plus tellement l’origine des phobies, on cherche plutôt à les traiter car en connaître les origines ne change pas grand-chose à la prise en charge." Le traitement dépendra donc "de l’intensité de la phobie." "Parfois, des anxiolytiques vont simplement permettre de passer le cap, avec un comprimé sur prescription médicale. Mais ce sont des solutions transitoires qui ne vont durer que quelques heures", met en garde le médecin.
Mais d’autres solutions existent à plus long terme, comme les thérapies cognitives comportementales. "Si la phobie est très intense, comme les phobies sociales par exemple, on peut prescrire des antidépresseurs à dose plus faible. Il y a d’autres techniques, comme l’hypnose ou la relaxation. Il y a aussi les thérapies cognitives comportementales (TCC) qui sont efficaces. On ne va pas essayer de comprendre d’où vient la peur, mais comment vous réagissez à la peur, quelles sont vos pensées et vos émotions. On va vous apprendre progressivement à acquérir de nouvelles compétences pour gérer cette peur".