Un nouvel herbicide dans le collimateur de l'Organisation mondiale de la santé. Le 2,4-D a été classé lundi par le Centre international de recherche sur le cancer, qui dépend de l'OMS, comme "agent peut-être cancérogène" pour l'homme. Le CIRC explique avoir passé en revue la plus récente littérature scientifique sur le sujet pour mettre en garde contre les possibles effets de ce produit chimique, qui entrait dans la composition de l'Agent orange lors de la guerre du Vietnam.
Derrière ce nom barbare, l'agent 2,4-dichlorophénoxyacétique (2,4-D) est un désherbant dénoncé depuis longtemps par les groupes environnementaux et les associations de consommateurs aux Etats-Unis qui tentent de persuader les autorités d'en restreindre l'usage. L'industrie agricole défend au contraire son importance pour la production alimentaire. La qualification d'agent "peut-être" cancérogène représente le troisième échelon de dangerosité. L'amiante, par exemple, a été classée comme cancérogène, et le glyphosate, composant du Roundup, comme "probablement" cancérogène.
Le Roundup bientôt interdit en France. Les avis du CIRC ne sont pas contraignants mais peuvent influencer les autorités de régulation, le législateur ou l'opinion publique. Après le classement du glyphosate comme cancérogène probable en mars dernier, la France a décidé d'interdire à partir de 2016 la vente en libre service du Roundup, désherbant phare de Monsanto.
L'Enlist Duo de Dow Chemical. Depuis son introduction en 1945, le 2,4-D est largement employé dans les champs, les forêts, les zones urbaines et les quartiers résidentiels. Dow AgroSciences, filiale du groupe Dow Chemical, est particulièrement concernée par les avis du CIRC puisque l'entreprise utilise à la fois le glyphosate et le 2,4-D pour la fabrication de son herbicide Enlist Duo qui a reçu l'an dernier l'approbation des autorités sanitaires américaines.
Enlist Duo est conçu pour être utilisé avec des semences génétiquement modifiées tolérantes aux herbicides développées par Dow. Dans un communiqué, la firme a déclaré que la classification du CIRC était défaillante et incohérente avec les conclusions des autorités de près de 100 pays affirmant la sûreté du produit lorsqu'il est utilisé conformément aux instructions.