Les deux sœurs se portent bien. Valérie Perez, 44 ans, a donné son rein à sa petite sœur, Béatrice, 43 ans, le 9 juillet dernier. Mais la particularité, c'est que c'est un robot qui a réalisé la greffe, qui plus est sans avoir à faire d'incisions externes puisque le prélèvement et la greffe se sont fait par voie vaginale. L'opération, une première mondiale, a été pilotée au service d'urologie du CHU Rangueil de Toulouse par le Docteur Federico Sallusto et par Nicolac Doumerc, expert en chirurgie robot-assistée qui a bénéficié d'une formation internationale.
"J'avais peur". Béatrice Perez, après des dysfonctionnements sur son rein issu d'une première greffe datant de 15 ans, avait été contactée par le CHU de Toulouse mais sans être emballée dans un premier temps. "J'avais peur que le rein de ma sœur soit abîmé, mais j'ai été convaincue par le chirurgien", a ajouté cette femme très gaie, non moins inquiète "aussi pour sa sœur", Valérie, à ce moment.
Aucune incidence sur la vie sexuelle. L'opération réalisée "exclusivement" par le robot chirurgical Da Vinci a consisté à prélever sur Valérie un de ces deux reins, puis, de l'implanter sur Béatrice. Chacune des deux femmes a eu cinq petites incisions de 8 millimètres, sans qu'aucune cicatrice apparente n'apparaisse. "L'intervention s'est déroulée à l'intérieur du corps et ceci ne peut se faire que chez les femmes", a exposé le Dr Nicolas Doumerc, qui a une expérience de 500 interventions sur des prostates, des vessies et des reins. "Nous nous sommes aussi appuyés sur des études gynécologiques qui montraient qu'une incision dans le vagin ne provoquait pas plus d'infections ou de complications de la vie sexuelle", a-t-il expliqué à La Dépêche du Midi.
Retour à la normale une heure après l'intervention. Le rein, après extraction, a été placé dans un sac plastique entouré de gel pour pouvoir glisser dans la paroi vaginale de sa sœur. Puis, il "a repris sa fonction une heure après sa transplantation", a souligné le chirurgien, une durée normale pour un greffon provenant d'un être vivant. Les deux sœurs ont ensuite regagné leur domicile, au bout de deux jours pour la donneuse, au bout de quatre pour la greffée. Le Dr Federico Sallusto, qui a réalisé en tout 600 greffes de rein dans sa carrière, a voulu attendre un mois pour révéler l'exploit. "Nous voulions avoir du recul", a-t-il dit.
Moins douloureux pour le patient. Une telle opération par un robot présente de nombreux avantages : les cicatrices sont de taille moindre, le patient souffre moins, il y a moins de risques d'épanchement de liquide lymphatique et le traitement postopératoire est moins lourd. Une étude de mars 2015 avait rapporté qu'en Inde, "huit patientes ayant bénéficié d'une technique innovante d'introduction du greffon par voie vaginale, mais par coelioscopie traditionnelle", c'est-à-dire que la suite de l'opération s'était déroulée en faisant une incision au niveau abdominal, rappelle l'hôpital. Les transplantations de reins au moyen d'un robot chirurgical ont bénéficié en tout à une centaine de personnes dans le monde. En France, c'est en 2001 que le premier robot Da Vinci est arrivé à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil.
Aussi pour les personnes obèses ? Les applications de ce robot sont nombreuses à commencer par des greffes rénales sur les personnes obèses car "pour eux l'opération classique est compliquée" en raison des épaisseurs sous la peau. Concernant les hommes, une telle opération robotisée est aussi possible en faisant "une petite incision au-dessus du pubis pour implanter un rein avec un robot", rapporte le Dr Nicolas Doumerc.