Cinq mois d'espérance de vie gagnés. C'est ce que permet une application web destinée aux malades du cancer d'après une étude. Cette application permet aux personnes atteintes d'un cancer de signaler en temps réel les effets secondaires de la chimiothérapie à leur médecin, plutôt que d'attendre leur visite mensuelle chez le cancérologue pour le faire.
"Une meilleure qualité de vie." L'étude menée sur 766 personnes d'une moyenne d'âge de 61 ans, dont 86% de blancs, tous diagnostiqués de différents cancers métastasés du poumon, du sein et de la prostate, a montré que les utilisateurs de l'application, disponible sur smartphone ou tablette, ont vécu en moyenne cinq mois de plus que ceux du groupe témoin. Cela représente un gain de 20% avec une meilleure qualité de vie, a expliqué le docteur Ethan Basch.
Professeur de médecine au centre du cancer Lineberger de l'Université de Caroline du Nord à Chapel Hill, il est le principal auteur de l'étude dont il a présenté les résultats à la conférence de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO). "Le gain de survie pourrait paraître modeste mais en fait il est supérieur à ce qui est obtenu avec de nombreux très couteaux qui ciblent les cancers avancés", a-t-il expliqué.
"Agir sans attendre." "Les malades qui suivent une chimiothérapie ont souvent des symptômes sévères -nausées, douleurs, fatigue, difficultés respiratoires- et les médecins comme les infirmières n'en sont informés que la moitié du temps", a poursuivi le docteur Ethan Basch avant d'ajouter : "Nous avons constaté que le système d'application web pour signaler ces symptômes en temps réel alerte l'équipe soignante qui peut agir sans attendre pour soulager les malades."
La fréquence des alertes était en général d'au moins une fois par semaine. En cas d'aggravation, ils correspondaient avec les infirmières par courriel, quand les malades du groupe témoin devaient en informer celles-ci par téléphone. Ce système d'alerte par l'application "Symptom Tracking and Reporting" a permis de nettement réduire les visites aux urgences pour ces patients qui ont aussi mieux toléré la chimiothérapie sur la durée, restant ainsi plus actifs. Tous ces facteurs ont contribué à l'allongement de leur vie.
Un système "prometteur". Si la généralisation de cette application rencontre encore quelques difficultés comme la conception des dossier médicaux électroniques et le fait que les médecins ne seraient pas payés par les assurances dans le système actuel, le système est "prometteur", souligne le professeur Basch.
"C'est tout simplement impressionnant que quelque chose d'aussi simple puisse non seulement améliorer la qualité de vie des malades mais aussi dans ce cas les aider à vivre plus longtemps", a commenté lors d'une conférence de presse, le docteur Harol Burstein, cancérologue du Dana-Farber Cancer Institute à New York. "Nous devons maintenant trouver la manière de rendre ce système plus accessible et plus mobile pour les patients... et voir aussi comment l'intégrer dans notre pratique médicale", a-t-il conclu.