Améliorer et mieux adapter le traitement contre le cancer, voilà ce que va permettre la découverte de chercheurs français de l'Institut Curie. Leur étude, dévoilée lundi à la conférence de l'American society of clinical (Asco), montre que la détection de cellules tumorales dans le sang de femmes, atteintes d'une forme agressive de cancer du sein, permettrait de mesurer le risque de développer des métastases et donc, le risque de rechute. Cette détection permettrait de mieux adapter le traitement à chaque profil de patiente.
La traque de cellules tumorales. L'étude, réalisée sur 150 femmes, s'est penchée sur le cancer inflammatoire du sein qui représente 2% des cas diagnostiqués. Particulièrement agressif, il se caractérise par des métastases chez un tiers des patientes au moment de la découverte de la maladie.
En réalisant des prises de sang, des chercheurs de l'Institut Curie de Paris ont mesuré le taux de cellules tumorales de chacune des patientes. Ce sont ces cellules, qui sont à l'origine de formation de métastases, après avoir quitté la tumeur.
Des taux de survie différents sur trois ans. Chez les patientes ne présentant dans leur sang aucune cellule tumorale lors du diagnostic, seules 30% ont vu leur maladie progresser les trois années suivantes et 92% sont en vie à la fin de cette même période.
Au contraire, chez celles ayant au moins une cellule tumorale dans le sang, la survie n'est que de 56% au bout de trois ans. Chez 61% d'entre elles, la maladie a en effet progressé suite au diagnostic.
"Cibler de manière plus précise les traitements". Pour le Professeur Jean-Yves Pierga, un des responsables de l'étude, "on a des outils maintenant pour pouvoir détecter la dissémination très précoce d'une maladie cancéreuse dans le cas d'une forme agressive de cancer du sein". "Cela nous ouvre la perspective de cibler de manière plus précise nos traitements et en particulier, les traitements de rattrapage chez les patientes qui ont plus de risques de récidive , démontré par ces cellules tumorales", explique-t-il au micro d'Europe 1.
Aujourd'hui, toutes les patientes atteintes de ce cancer reçoivent une chimiothérapie particulière pour réduire le risque de rechute. Grâce à une prise de sang, désormais, seule celles présentant un risque de métastase seraient concernées.
À terme, les chercheurs pourraient appliquer leur découverte à d'autres types de cancers agressifs comme certains cancers de la prostate ou du côlon.