Aux urgences de Montauban, l’affluence a doublé en quinze ans. Depuis plus de trois mois, la plupart des soignants sont en grève, comme dans une grande partie de la France. Ce service, qui accueille autant de patients que celui de l’hôpital de Rangueil à Toulouse avec moitié moins de personnel, est aujourd’hui saturé. Europe 1 s’est rendue sur place, alors que les grévistes ont voté mardi pour la poursuite du mouvement, au lendemain des annonces du gouvernement pour tenter de mettre fin à la crise.
"Je ne peux pas me dédoubler"
A l’accueil, Laëtitia est toute seule pour gérer l’arrivée des patients qui se présentent spontanément, ou accompagnés par les pompiers. L’infirmière doit définir, seule, ceux qui seront traités en priorité. Mais, comme souvent, elle est complètement débordée.
"Quand je suis occupée à accueillir une personne qui vient avec les pompiers, je ne peux pas me dédoubler. Quand il n’y a plus de place, on va garder ces patients longtemps dans les couloirs ou à l’accueil. On sent qu’on ne fait pas correctement notre travail", se désole-t-elle.
"Si les patients attendent, ce n’est pas parce que nous sommes en grève"
Avec ses collègues, l’infirmière est en grève depuis plus de trois mois. Sur son t-shirt, elle arbore une mention ‘Les urgences sont en danger’. Malgré ce contexte difficile, tous continuent leur travail, une situation pas toujours simple à gérer.
"Ce qui est lourd, c’est la culpabilité des soignants. On est solidaires de la grève, on porte des brassards pour le dire. Mais si les patients attendent, ce n’est pas parce que nous sommes en grève. Nous sommes en grève parce que les patients attendent", résume Manuelle Adaber, déléguée CGT.
Le plan de "refondation" des urgences, présenté lundi par Agnès Buzyn, n’a pas calmé leur colère. Car au-delà des annonces de la ministre de la Santé, ils réclament surtout davantage d’effectifs pour faire face à l’afflux de patients.