Frédéric Adnet Coronavirus Covid 2:33
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Invité d'Europe 1, mercredi soir, Frédéric Adnet s'est exprimé sur l'évolution de l'épidémie de coronavirus et la réponse politique à apporter à la hausse actuelle des contaminations et de la pression hospitalière. Le chef des urgences de l'hôpital Avicenne de Bobigny estime que "l'histoire est écrite" en matière d'arrivée des variants britannique et sud-africain.
INTERVIEW

Les mauvaises nouvelles s'accumulent sur le front de la lutte contre le coronavirus en France. Alors que la pression hospitalière augmente, un nouveau confinement serré est envisagé par le gouvernement. Dans le même temps, les variants du virus, plus contagieux, progressent sur le territoire. Le variant anglais représenterait ainsi près de 10% des cas dépistés en Île-de-France. Cela pousse Frédéric Adnet, chef des urgences de l'hôpital Avicenne de Bobigny, à considérer que "l'histoire est écrite" à propos de l'ampleur de ces variants.

"Non, ce n'est pas un niveau inquiétant, c'est l'histoire naturelle du virus", explique Frédéric Adnet. "L'histoire naturelle du coronavirus est de muter progressivement, avec un nouveau variant qui remplace l'ancienne souche."

"Adapter" les capacités hospitalières au variant

Plusieurs épidémiologistes estiment d'ores et déjà que les variants pourraient être dominants dès le mois de mars. Ce sera "très probablement" le cas, abonde le chef des urgences de l'hôpital Avicenne de Bobigny. "Si réellement le variant est plus transmissible et plus virulent, puisque certaines études anglaises annoncent une mortalité supérieure à plus de 30%, tout l'enjeu, c'est de retarder et non pas empêcher l'arrivée de ces variants en France."

L'objectif, dans une configuration où les variants seraient sur le point de devenir majoritaires, réside donc dans "l'adaptation de nos capacités hospitalières au flux prochain de patients", met en garde Frédéric Adnet. "De toute manière, l'histoire est écrite, le variant va arriver." 

" De nouveau, nos services de réanimations commencent à être saturés "

Le système de santé est déjà extrêmement sollicité, avec des niveaux d'hospitalisations et de réanimations "qui ne retombent pas". "On est sur un plateau haut dont on n'arrive pas à se défaire", déplore le chef de service. "Nos hôpitaux se remplissent progressivement, on a toujours un solde positif de patients en réanimation ou en hospitalisation complète. Ce chiffre est faible, mais constant. De nouveau, nos services de réanimations commencent à être saturés."  

Quel effet sanitaire d'un reconfinement ?

Dans ce contexte de progression inéluctable du virus et de ses variants, faut-il procéder à un confinement aussi strict que celui du printemps ou préférer celui de l'automne, plus permissif ? "C'est un choix difficile aux niveaux politique, sociétal et sanitaire, parce qu'il ne faut pas voir que les conséquences sur l'épidémie", assure le spécialiste. "On sait que le confinement aura un effet bénéfique sur la transmission du virus. Mais on sait aussi qu'il y a des conséquences totalement catastrophiques du confinement sur d'autres pathologies comme les pathologies psychologiques, comme la prise en charge de maladies chroniques, comme les politiques de dépistage des cancers." En résumé, "tout ce qu'on va gagner sur le Covid-19, il ne faudrait pas le perdre sur d'autres pathologies".