Après 22 ans de service, la fusée Ariane 5 va décoller pour la centième fois de la base spatiale européenne de Kourou, en Guyane, mardi à 23h53 à Paris. Une étape doublement symbolique puisqu'il s'agira également du 300ème lancement de toutes les fusées Ariane confondues depuis Ariane 1, qui a décollé pour la première fois en 1979. Malgré son titre de "fusée la plus fiable au monde", Ariane doit faire face à de plus en plus de concurrents, dont SpaceX.
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Ariane, le fleuron de l'aérospatiale européenne. "Sur 99 tirs qui ont eu lieu, il y a eu seulement deux échecs et trois soucis de mise à poste des satellites", rappelle Alain Cirou, le spécialiste espace d'Europe 1. "Donc c'est un taux de fiabilité de 96,5%, ce qui est beaucoup en matière spatiale. Mais le problème vient plutôt de la concurrence. Comme pour les taxis - où on a vu arriver Uber -, sur le marché spatial il a un autre nom : SpaceX. La société d'Elon Musk est arrivée sur le marché des lancements de satellites avec une offre bradée."
De sérieux concurrents notamment dans le secteur privé. En plus des Russes, des Chinois et des Indiens, deux sociétés américaines sont de sérieux concurrents pour Ariane : Blue Origin, la firme du fondateur d'Amazon, et surtout SpaceX, la branche dédiée à l'aérospatiale du fondateur des voitures électriques haut de gamme Tesla. Le groupe d'Elon Musk a d'ailleurs lancé l'an dernier plus de fusées qu'Ariane.
Des prix plus abordables pour SpaceX. L'un des principaux avantages de SpaceX, c'est son prix, bien moins élevé que celui d'une fusée Ariane pour les lancements commerciaux. La firme d'Elon Musk peut se rattraper en facturant les lancements du gouvernement américain bien plus chers que ne le fait Ariane : on peut presque parler de subventions.
Des lanceurs réutilisables. SpaceX est également plus innovant. Il récupère le lanceur de la fusée à chaque décollage. Cela lui permet donc de faire des économies non négligeables quand on sait que le coût de production d'un lanceur s'élève à 60 millions de dollars (soit 51 millions d'euros). Une technologie à laquelle Ariane n'avait jamais cru, jusqu'à présent.
Bientôt une fusée européenne plus innovante ? Mais cela pourrait changer : "Si vous faites peu de lancements, vous n'avez pas d'intérêts à concentrer tout votre outil industriel vers la réutilisation", plaide Stéphane Israel le patron d'Ariane, au micro d'Europe 1 mardi. "Nous verrons bien si c'est la meilleure façon de réduire les coûts. Nous n'excluons pas, dans un deuxième temps, d'aller dans cette direction. Aujourd'hui, Ariane 6 est la meilleure solution que nous pouvons apporter au marché."
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Une fusée Ariane 6 plus compétitive. Ariane 6 fera ses premiers vols en 2020 et elle sera effectivement 40% moins chère à la production qu'Ariane 5 et donc un peu plus compétitive. Mais elle est loin d'être très innovante. "La bagarre est là, il faut réussir à changer de monde avec un lanceur moins cher mais tout aussi efficace", conclut Alain Cirou.
La fusée Ariane 5 en trois chiffres :
- 207 satellites mis en orbite pour une masse totale de 782 tonnes (quand elle sera mise à la retraite)
- 152 satellites destinés aux télécommunications envoyés dans l'espace
- 5 cargos automatiques européens ATV, chargés de ravitailler la Station spatiale internationale