L'info. Ils étaient soigneusement disposés dans des fosses communes, sous un supermarché en plein coeur de Paris. Plus de 200 squelettes ont été retrouvés par des archéologues, qui s'interrogent sur les causes de ces décès de masse. Depuis début janvier, une équipe de l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) mène des fouilles sous le Monoprix Réaumur-Sébastopol, dans le 2e arrondissement. Avant d'être un supermarché, cet endroit abritait le cimetière de l'Hôpital de la Trinité, fondé au XIIe siècle et détruit à la fin du XVIIIe siècle.
[Actualités] Les surprises des sous-sols du boulevard Sébastopol à #Parishttp://t.co/9ogwy5vO4J cc @Monoprixpic.twitter.com/HhpPxEOzkf— Inrap (@InrapOfficiel) February 27, 2015
Huit fosses communes découvertes. "Dans le cadre du réaménagement du magasin, nous avons décidé de supprimer un promontoire qui se trouvait au deuxième sous-sol, ce qui a déclenché des fouilles préventives", explique à l'AFP le directeur du magasin. Au moment de la désaffection du cimetière, les restes des défunts avaient été transférés en partie aux Catacombes de Paris où ils sont toujours. "Mais apparemment, le travail n'a pas été bien fait", note l'archéologue Isabelle Abadie, en charge des fouilles.
Sur la zone de 100 m2 qui fait l'objet de recherches, huit fosses communes ont pour l'heure été découvertes. Sept d'entre elles comptent entre cinq et vingt individus, déposés sur deux à cinq niveaux.La huitième fosse, la plus impressionnante, a permis de découvrir plus de 150 squelettes, disposés sur plusieurs niveaux. "Mais il reste encore une autre couche en dessous", précise Isabelle Abadie.
Famine, épidémie, fièvre ? Sur un terrain sablonneux, des dizaines de squelettes bien conservés sont alignés les uns contre les autres. Les individus semblent avoir eu les bras croisés et les jambes serrées, laissant penser qu'ils étaient enveloppés dans un drap ou un linceul. "Ce qui est étonnant, c'est que les corps n'ont pas été jetés mais déposés avec soin, de façon organisée. Les individus, hommes, femmes, enfants, ont été placés "tête-bêche" sans doute pour gagner de la place", montre l'archéologue. Et en une seule fois, sur plusieurs niveaux.
"Cela laisse à penser qu'il y a eu beaucoup de décès d'un coup. Reste désormais à identifier la cause de cette "crise de mortalité"". Paris a été frappée par plusieurs épidémies de peste au XIVe, XVe et XVIe siècles. La capitale a aussi été touchée par la variole au XVIIe, rappelle-t-elle. Des prélèvements ADN sont en cours pour tenter de déterminer les causes des décès, mais aussi d'établir d'éventuels liens génétiques entre les individus.
Des investigations vont également être réalisées pour comprendre à quand remontent ces fosses communes. Les archéologues ont trouvé quelques morceaux de céramique médiévale et de période plus récente. Les restes osseux seront étudiés sur un site de l'Inrap. Il reviendra ensuite à l'Etat "de trouver un endroit" pour les défunts, souligne la Direction régionale des affaires culturelles Ile-de-France.