Un modèle mathématique. Compliqué pour un seul chien de berger de veiller sur un troupeau d'une centaine de moutons récalcitrants ? Pas tant que ça, d'après des scientifiques. Il lui suffit de mettre en oeuvre "deux règles simples", un modèle mathématique qui pourrait aisément s'appliquer à des robots, assurent des chercheurs. C'est grâce au système de navigation par satellites que les scientifiques ont finalement réussi à comprendre le fonctionnement des chiens de berger. Jusqu'alors, ils n'avaient aucune théorie satisfaisante pour expliquer leur faculté à déplacer aussi efficacement un groupe d'animaux indisciplinés dans la même direction.
L'observation d'un troupeau. Andrew King, biologiste à l'université galloise de Swansea, a commencé par équiper de harnais GPS un chien de berger (une femelle de race Australian Kelpie) et un troupeau de brebis mérinos. Il a ensuite observé le comportement des uns et des autres dans une prairie du sud de l'Australie, enregistrant les mouvements de chaque individu avec une précision de 10 à 20 cm. Daniel Strömbom, mathématicien à l'université suédoise d'Uppsala, et ses collègues ont alors analysé ces données pour établir l'algorithme régissant les décisions et les actions du chien de berger.
Un principe simple. A leur grande surprise, un modèle simple permet d'accomplir une tâche d'apparence très complexe. Il se résume en deux règles : rassembler les moutons lorsqu'ils se dispersent et les pousser vers l'avant lorsqu'ils sont de nouveau réunis. "Nous avons dû imaginer ce que le chien voyait pour développer notre modèle. Grosso modo, il aperçoit des choses blanches et touffues devant lui. S'il voit des espaces entre les moutons, ou si ces espaces grossissent, le chien doit les rassembler", explique Andrew King dans un communiqué. "Si vous observez des chiens de berger en action, le chien va et vient derrière le troupeau exactement de la même façon que ce que donne notre modèle", assure-t-il.
Des applications multiples. Cette découverte, publiée mercredi dans la revue britannique Journal of the Royal Society Interface, pourrait avoir de multiples applications, dans le domaine de la robotique par exemple, selon les chercheurs. L'algorithme du chien de berger pourrait servir à tenir les animaux à l'écart de zones dangereuses mais aussi à la gestion des mouvements de foule ou au nettoyage de l'environnement, estime Andrew King.