Le dernier lancement avait donné lieu à un véritable fiasco l'été dernier, mettant du plomb dans l'aile du projet Galileo. Deux satellites avaient bien été placés en orbite… mais pas sur la bonne. Alors que l'erreur n'a été qu'en partie rattrapée, il s'agit vendredi de ne pas se rater. Deux nouveaux satellites vont en effet prendre la route du ciel à 22h46 au départ de la base de lancement de Kourou, en Guyane. Un tir qui doit être réussi pour que ce GPS européen commence à fonctionner, comme prévu, dès 2016.
Sat-7 et Sat-8. À 22h46, heure de Paris, 19h46 heure guyanaise, un lanceur russe Soyouz s'arrachera de la base de lancement de Kourou avec à son bord Sat-7 et Sat-8, les deux nouveaux satellites de la constellation Galileo. Au bout de 3h48 de mission, ils seront placés sur une orbite circulaire à 23.522 kilomètres d'altitude.
"Tout est prêt pour le lancement", s'est félicité Didier Faivre, directeur du programme Galileo à l'Agence spatiale européenne (ESA). "La campagne de préparation s'est passée normalement" et "aucun problème ni sur le lanceur ni sur les satellites" n'a été relevé, a-t-il ajouté.
La grosse frayeur d'août 2014. Si le directeur de l'ESA se veut aussi rassurant, c'est que lors du dernier lancement le 22 août 2014, un dysfonctionnement technique avait entraîné le mauvais placement de deux satellites. Sat-5 et Sat-6 avaient été déposés sur une orbite ovale de 17.000 km d'altitude alors qu'ils auraient du atterrir sur une orbite circulaire à 22.000 km d'altitude.
La fusée Soyouz en cause. L'origine de l'erreur, détectée en octobre, est à trouver dans un tuyau de Fregat, l'étage supérieur du lanceur Soyouz. L'hydrazine, un gaz, censé être transporté par ce tuyau a gelé au contact d'un tuyau voisin qui contenait lui de l'hélium froid. Une conception qui a toujours était telle mais qui n'avait jamais produit d'incident lors des 45 précédent tirs de Soyouz. La correction technique de cette conception est relativement simple.
La Commission européenne qui finance Galileo à hauteur d'un milliard d'euros par an jusqu'en 2020 et l'ESA qui pilote le projet ont donc décidé de conserver sa confiance au lanceur russe.
Entre satellites manquants… Reste que même si le lancement de vendredi finit par un succès, le projet Galileo reste mal en point. L'ESA a commandé en tout 30 satellites dont trois de rechange pour créer ce concurrent du GPS américain. Etant donné qu'aucun des quatre premiers satellites ne fonctionnent de manière optimale, l'ESA risque au final d'en manquer. Pour une mise en opération fin 2016, il faudrait au minimum 14 satellites en place. Comme il faut "deux ans et demi pour fabriquer un satellite Galileo" selon un industriel interrogé par Les Echos, "il n'y a donc pas de temps à perdre".
… et dépenses imprévues. Les ingénieurs ont du enfin rattrapé l'erreur du dernier lancement mais en partie seulement en plaçant Sat-5 et Sat-6 sur une orbite moins elliptique. Une modification concluante pour l'un des deux satellites qui a désormais un fonctionnement satisfaisant mais sans être à son maximum. Reste que les stations au sol peuvent aussi être modifiées afin d'assurer une bonne réception des signaux envoyés par Sat-5 et Sat-6.
Problème, cela coûte. Les modifications déjà apportées ont valu à la Commission européenne de sortir une poignée de millions non prévue dans le budget initial. Elle devrait d'ici fin mars son accord pour investir dans d'autres opérations de réparation. En cas de refus, l'envoi de deux satellites pour remplacer ceux défectueux lui coûterait 150 millions, a appris Didier Faivre à La Tribune.
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