À la prochaine bière ou au prochain grand cru que vous dégusterez, ayez une pensée pour les singes, nos cousins et aïeuls. Car si vos papilles apprécient les boissons alcoolisées, c'est grâce à une modification génétique apparue il y a 10 millions d'années chez nos ancêtres les grands singes. Elle aurait permis à l'espèce de survivre en permettant la tolérance à l'éthanol, présent dans les fruits tombés au sol. C'est ce que présente une étude génétique publiée dans les Comptes rendus de l'Académie des sciences américaines et rapportée par Sciences et Avenir.
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Une enzyme qui digère l'alcool. Pour permettre à notre organisme de digérer l'alcool, nos intestins utilisent une enzyme nommée "alcool déshydrogénase de type 4". Mais cette enzyme n'a pas toujours agi ainsi.
En effet, les chercheurs qui l'ont reconstitué sous sa forme ancestrale à partir de 17 espèces de singes ont constaté qu'à l'origine, cette enzyme ne s'attaquait pas à l'alcool.
Un régime de fruits fermentés... Mais à quand remonte la modification de cette enzyme ? Les chercheurs l'a font remonter au milieu de la période du miocène. Cette ère, qui a débuté il y a 23 millions d'années, a vu la dérive progressive des continents mais aussi l'apparition des premiers singes évolués, nos ancêtres. Les forêts du continent africain commençaient alors à reculer, forçant les grands singes à changer leur régime alimentaire. Face à un nombre réduit d'arbres, ils ont été obligés de manger les fruits trouvés au sol. Ces derniers, mûrs, étaient parfois fermentés, donc porteurs… d'alcool.
... Pour permettre la survie de l'espèce. L'enzyme "alcool déshydrogénase de type 4" a alors subi une modification afin de permettre la digestion de ce petit nouveau. Une mutation utile à la survie de l'espèce. En effet, les singes évolués de la période du miocène avaient abandonné les arbres pour se déplaçer souvent au sol. Il leur était alors devenu vital de pouvoir digérer les fruits trouvés au sol. De là à dire que l'alcool est vital à l'espèce, il n'y a qu'un pas que nous ne franchirons pas…
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