Linguistique. Mark Pagel et son équipe de l’université de Reading (Grande-Bretagne) ont réalisé un énorme travail statistique, résumé dans un article par le site du magazine Science et Vie. En compilant les mots les plus fréquemment utilisés dans un maximum de langues, ils en ont conclu que les mots usuels restent inchangés plus longtemps que les mots techniques. Au cours de ce travail de fourmi, les chercheurs ont dégagé une "super-famille" eurasiatique qui unirait sept grandes entités linguistiques. En faisant un tour d‘horizon des langues du monde, ils se sont rendu compte que les mots les plus usités quel que soit le langage avait sept à dix fois plus de chances d’appartenir à cette super-famille.
Darwinisme des langues. De ces observations factuelles, Mark Pagel tire plusieurs conclusions. Il observe une forme d’évolution des langues semblable à celle des animaux. Les mots se transmettent de génération en génération et mutent avec le temps, un peu comme nos gènes. Ce processus serait donc plus lent pour les mots les plus courants, et plus rapide pour les mots techniques.
Une langue originelle ? On pourrait croire que cette théorie appuierait celle, très controversée, développée par Joseph Greenberg en 1994 dans son ouvrage "L’origine des langues". Dans ce livre, le scientifique développe une "théorie de la langue mère" selon laquelle toutes les langues du monde seraient issues d’un seul et même dialecte existant il y a de cela 50.000 ans. Mais Mark Pagel ne s’avance pas jusqu’à ce stade puisqu’il restreint son étude à une échelle de temps plus courte (15 000 ans).