Solar Impulse 2 à la veille d'un tour du monde historique

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Noémi Marois et Pierre de Vilno avec AFP
EXPLOIT - L'avion fonctionnant à l'énergie solaire va s'élancer lundi pour un tour du monde inédit en 12 étapes, étalées sur 5 mois. 

En 1872, Jules Verne avait impressionné ses contemporains en racontant dans un roman un tour du monde en 80 jours grâce aux moyens de transport modernes de son époque. Un siècle et quelque plus tard, André Borschberg et Bertrand Piccard, deux scientifiques suisses, ont imaginé un tour du monde en avion à énergie solaire. Et vont essayer de le concrétiser. Lundi matin, à 6h30 (2h30 en France), leur engin, Solar Impulse 2, va prendre son envol d'Abou Dhabi pour atterrir dans le sultanat d'Oman, sa première escale. Début d'un tour du monde en 12 étapes qui devrait s'achever fin juillet ou début août. L'idée de voler avec de la seule énergie solaire avait dans un premier temps provoqué les moqueries de l'industrie aéronautique.

35.000 kilomètres. Le départ, initialement prévu samedi, a été repoussé à lundi matin pour cause de vents forts sur Abou Dhabi. C'est André Borschberg qui prendra les commandes de l'avion pour cette première étape. Elle s’achèvera lundi soir à Mascate, capitale de l'Oman. 

Sur 25 jours de vols effectifs répartis sur cinq mois Solar Impulse 2 va avaler 35.000 kilomètres à la vitesse modeste de 50 à 100 km/h maximum. 

Après l'Oman, l'avion solaire prendre le chemin de l'Inde, puis de la Birmanie et la Chine. Il entamera ensuite son étape la plus longue : cinq jours consécutifs de vols entre Nankin et Hawaï, archipel située en plein océan Pacifique. Début août au plus tard, Solar Impulse 2 bouclera la boucle en revenant à Abou Dhabi, c'est alors Bertrand Piccard qui sera aux commandes de l'avion. 

Au total, 130 personnes participeront à l'aventure : 65 accompagneront les pilotes autour du monde dans le cadre d'un appui logistique et 65 autres seront à Monaco, au centre de contrôle de la mission. Cette équipe comprend des météorologues, des contrôleurs aériens ainsi que des ingénieurs.

Des ailes aussi grandes que celles d'un Airbus A380. Pour s'assurer une autonomie suffisante, Solar Impulse 2 contient 17.000 cellules photovoltaïques sur ces deux ailes de 72 mètres, "ce qui est plus grand qu'un airbus 340", explique Bertrand Piccard, interrogé par Europe 1. Et ce qui lui donne les allures d'un super-planeur. L'engin, bijou technologique conçu par les deux pilotes, est cependant bien plus léger qu'un avion de ligne. Conçu en fibre de carbone, il ne pèse que 2,3 tonnes, "soit le poids d'une voiture", précise le pilote, médecin de formation.

Quel est le plan de vol de cet avion révolutionnaire ? Il s'agit, grâce au soleil, "de charger les batteries pendant la journée pour voler ensuite pendant la nuit et rejoindre le lever de soleil suivant", raconte Bertrand Piccard.

Solar Impulse 2 est le petit frère de Solar Impulse 1 qui en 2013 avait effectué plusieurs voyages, avec les deux mêmes pilotes, en Europe, au Maroc et aux États-Unis. 

"L'esprit de pionnier". "Le but est de promouvoir toutes ces technologies et les énergies propres", explique Bertrand Piccard à Europe 1. "Voilà le message de Solar Impulse", résume-t-il. C'est pour cette raison que les escales seront de "deux semaines en Inde, un mois en Chine puis un mois aux Etats-Unis" afin "de faire des programmes éducatifs et rencontrer des gouvernements". 

"Ce vol, c'est la manière de prouver finalement que les énergies renouvelables peuvent accomplir l'impossible", se félicite-t-il. Il déplore que "pour les gens", ces énergies sont jugées "anecdotiques" et "sont vues comme limitatives de nos conditions de vie et de la croissance". "Ce n'est pas vrai", estime Bertrand Piccard pour qui l'énergie solaire est "mûre". Assez pour faire voler un avion de ligne ? "Je sera fou de de dire oui mais idiot de dire non", répond Bertrand Piccard. "Aujourd'hui, on n'a pas une technologie propre pour faire voler 200 passagers mais les frères Wright en 1903 (les inventeurs du premier avion, ndlr), ont commencé avec un engin monoplace qui volait lentement". Ce qui n'a pas empêché l'industrie, "quelques dizaines d'années plus tard", de prendre le relais "en créant des avions commerciaux". "L'esprit de pionnier" permet de montrer "ce qui est possible", estime l'explorateur.