C'est une petite révolution qu'est en train de vivre le monde de la météo. Mercredi soir, le premier satellite d'observation des vents par laser a été placé sur orbite, depuis le centre spatial de Kourou, en Guyane française. Financé par l'Agence spatiale européenne (ESA) à hauteur de 481 millions d'euros, Aeolus - en référence au dieu grec Éole, maître et régisseur des vents - doit fournir aux scientifiques des mesures directes à intervalles réguliers.
Qu'est-ce que ça va changer ?
Le vent est un facteur déterminant pour les prévisions météo. Il équilibre les températures entre les tropiques et les pôles et détermine le déplacement des masses d'air et des nuages. Mais, aussi étrange que cela puisse paraître, les techniques de mesures du vent actuellement utilisées par les météorologues ne sont que sommaires : anémomètres au sol, ballons sondes, analyses de la forme des vagues, capteurs envoyés par des avions au sein des cyclones… Elles sont même lacunaires dès qu'il s'agit d'évaluer les vents en altitude. Quand il s'agit, aussi, de couvrir toute la planète. Les données pour l'Afrique et l'Amérique du Sud ne sont ainsi par exemple pas toujours fiables.
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— Météo-France (@meteofrance) 28 mars 2018
En mesurant en permanence la vitesse et la direction du vent, Aeolus va donc combler ces manques. Concrètement, l'engin élaboré dans le cadre du programme Copernicus de l'Union européenne pour la surveillance de l'environnement doit permettre d'anticiper davantage les cyclones, tempêtes et épisodes cévenoles, avec plus de précision sur les endroits où ils frapperont. L'analyse des vents dans des régions éloignées devrait aider à mieux prévoir le temps chez nous.
Les scientifiques promettent de recueillir dix fois plus de données qu'aujourd'hui. Si c'est le cas, les prévisions à quinze jours seront aussi fiables que celles actuellement disponibles à sept jours.
Le satellite aura aussi un rôle à jouer "pour le développement durable et une meilleure compréhension des phénomènes climatiques", a expliqué le président exécutif de l’agence spatiale, Stéphane Israël. Aeolus fournira à cet effet des cartes dynamiques en 3D, renseignant les dynamiques et processus tropicaux qui influent sur le changement climatique.
Comment ça marche ?
Pour tous ces changements, les météorologues peuvent remercier "Aladin". C'est cet instrument qui sondera en continu l’atmosphère avec un puissant laser ultraviolet, du haut de ses quelque 320 kilomètres d'altitude. Le lidar, fruit de seize ans de recherche, est ainsi capable de détecter les particules transportées par les vents afin d'en offrir une analyse plus détaillée.
En une semaine, Aeolus aura couvert l'intégralité de la surface de la Terre. Avant de remettre ça, encore et encore, sans oublier d'envoyer ses données toutes les 45 minutes. Les informations récoltées seront alors partagées avec les différents services météo européens, dont Météo-France.
Regardez le lancement du satellite Aeolus, mercredi soir depuis Kourou :
A lire: Lancement réussi d’#Aeolus , le satellite d’étude des vents de l’ESA qui fera appel à une technologie laser révolutionnaire pour mesurer les vents sur l’ensemble du globe.
— ESA France (@ESA_fr) 22 août 2018
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Au total, l'expérience devrait durer trois ans. En cas de résultats positifs, un autre satellite, plus gros cette fois, prendra sa place. Mais la révolution est bel est bien lancée depuis mercredi, malgré un retard de 24 heures en raison… du vent.