Il y a 60 ans, le 3 novembre 1957, un mois à peine après la mise en orbite du premier Spoutnik soviétique, la chienne Laïka est envoyée dans l'espace. Elle devient alors le premier être vivant à atteindre l'orbite terrestre. Mais avant et après elle, les animaux ont été nombreux à aider l'humain dans sa conquête de l'espace. Passage en revue.
Albert 1er, un singe en apesanteur
En 1948, le macaque rhésus Albert 1er est le premier mammifère à découvrir l'apesanteur dans une fusée américaine. Son voyage l'envoie à 63 km d'altitude. Un an auparavant, les États-Unis avaient déjà envoyé des drosophiles (mouches des fruits) à 100 km d'altitude, dans une fusée V2.
Laïka et ses neuf tours de la Terre
Le 3 novembre 1957, Laïka, revêtue d'une combinaison bardée de capteurs, quitte la Terre à bord de la capsule soviétique Spoutnik-2. C'est un voyage sans retour, faute de moyens à l'époque pour faire revenir intact le satellite. Cette expérience est le fruit de plusieurs années de recherche. Les scientifiques russes avaient en effet testé auparavant de nombreux chiens, en les sélectionnant sur deux critères : uniquement des femmes car elles prennent moins de place pour uriner et des bâtards réputés plus débrouillards et moins exigeants. Ils avaient été envoyés à des altitudes suborbitales pour voir s'il était possible de survivre à l'absence d'apesanteur.
Selon les informations officielles, Laïka a bien supporté sa mission à 1.600 km d'altitude, pendant une dizaine de jours. Mais en réalité, elle est morte au bout de quelques heures et après avoir fait neuf fois le tour de la Terre à cause d'un dysfonctionnement du système de régulation thermique. La température était montée jusqu'à 40 degrés dans Spoutnik. Le satellite tournera autour de la Terre jusqu'au 14 août 1958, date à laquelle il rentre dans l'atmosphère pour s'y consumer au-dessus des Antilles.
Retour sur Terre... vivants
En août 1960, l'URSS envoie cette fois-ci une véritable arche de Noé : deux chiennes, un lapin, quarante souris, deux rats, des mouches des fruits et des plantes. Ils vont tous effectuées une série de révolutions autour de la Terre. Ce vol orbital est une réussite car c'est le premier dont les passagers reviennent vivants. L'une des chiennes, Strelka, met bas six mois après son atterrissage et un de ses chiots est offert à la fille de John Fitzgerald Kennedy par Nikita Khrouchtchev.
Dans un contexte de guerre froide et de concurrence spatiale entre les deux blocs, les Etats-Unis répliquent en janvier 1961 en envoyant dans l'espace le chimpanzé Ham dont le vol définit la trajectoire suivie par le premier Américain dans l'espace, Alan Shepard, un mois après la mission historique de Iouri Gagarine du 12 avril 1961. Les Américains n'ont placé qu'un seul animal en orbite complète, le chimpanzé Enos, en novembre 1961. L'objectif était de tester la capsule à bord de laquelle devait prendre place John Glenn pour le premier vol orbital américain, en février 1962.
Félicette, première Française dans l'espace
Outre les Russes et les Américains, de nombreux pays ont utilisé des animaux comme cobayes de l'espace. La France est par exemple le premier pays à envoyer une chatte dans l'espace. Le 18 octobre 1963, Félicette a quitté le plancher des vaches à bord d'une fusée Véronique en plein désert algérien. A 157 kilomètres d'altitude, elle est mise pendant cinq minutes en apesanteur. Une fois revenue au sol, Félicette est observée attentivement par les scientifiques afin de détecter les conséquences de son voyage spatial. Finalement, le félin est sacrifié pour la cause spatiale : Félicette est en effet euthanasiée afin d'être autopsiée.
En 2001, la Chine envoie à son tour en orbite un vaisseau spatial avec divers animaux à bord. Depuis, Pékin a rejoint le groupe restreint des puissances spatiales, en envoyant en 2003 par ses propres moyens des taïkonautes dans l'espace. Quant à l'Iran qui a annoncé vouloir envoyer un homme dans l'espace, il a testé avec succès, en 2010, une fusée de fabrication locale, contenant plusieurs animaux vivants, dont un rat, des tortues et des vers, et a envoyé en 2013 deux singes dans l'espace.
Les effets des séjours spatiaux... sur la fécondité
Tortues, araignées, poissons, rats, vers, tritons.. la liste des espèces envoyées dans le cosmos est longue et ces missions ont permis de nombreuses découvertes scientifiques. En septembre 2007, des tardigrades, animaux microscopiques connus pour leur robustesse, ont survécu au vide et aux radiations de l'espace. A leur retour, la plupart de ces minuscules invertébrés ne présentaient aucune altération biologique, et se sont même reproduits normalement, suggérant une réparation de leur ADN détérioré par les rayons ultraviolets.
En 2014, des scientifiques japonais réalisent des fécondations in vitro avec du sperme de souris stocké pendant neuf mois dans la Station spatiale internationale (ISS). La naissance de 73 souriceaux en bonne santé montre une régénération de l'ADN endommagé après la fertilisation, une expérience qui selon les chercheurs pourrait avoir des retombées importantes pour de futures colonies humaines dans l'espace.