L'astrophysicien André Brahic, découvreur des anneaux de Neptune et grand passeur de connaissances, est mort dimanche matin à Paris à l'âge de 73 ans, a-t-on appris auprès de son éditeur Odile Jacob. "C'était un personnage éblouissant et hors du commun, extraordinairement chaleureux, profond et authentique, un grand savant et en même temps un conteur, un écrivain", a commenté Odile Jacob qui était très proche de lui.
"L'un des pionniers de la planétologie française". Expert mondial du système solaire, André Brahic était né en 1942 à Paris dans une famille modeste. Il est décédé des suites d'un cancer. Initié à l'astrophysique par Evry Schatzman, le père de discipline en France après la guerre, il devient dès les années 1980 un spécialiste de l'exploration du système solaire, conduite par la sonde spatiale Voyager et la mission américano-européenne Cassini partie en 1997, qui continue à tourner autour de Saturne.
"C'est un grand scientifique français qui nous quitte", a salué dimanche Alain Cirou, le consultant astrophysique d'Europe 1. "C'est d'abord quelqu'un de totalement passionné. Un concentré de curiosité, d'émerveillement, de professionnalisme. Il était l'un des pionniers de la planétologie française", poursuit le spécialiste, qui se rappelle une anecdote : "il m'avait dit un jour, 'la recherche ressemble à un très bon roman policier qui tient le lecteur en haleine, mais à la différence d'un roman, la recherche n'a pas de dernière page !'"
Peu de chercheurs ont l'humanisme et le niveau de conscience qu'avaient André #Brahic. Il laisse un vide dans nos cœurs et la recherche.
— Estelle Déau (@EstelleDeau) 15 mai 2016
"Liberté, égalité, fraternité" sur Neptune. André Brahic s'intéresse aux anneaux de Saturne avant de lancer en 1984 un programme qui lui permet de co-découvrir les anneaux d'une autre planète gazeuse, Neptune, avec l'astronome américain William Hubbard. Le dernier anneau se décompose en quatre arcs dont trois furent découverts au départ par André Brahic, qui leur donna les noms de "Liberté", "Égalité" "Fraternité" en référence à la devise nationale française. Le dernier arc fut trouvé par l'une de ses collaboratrices.
"Je l'ai toujours perçu comme un héros des étoiles. C'était un homme fantastique, brillant, un véritable conteur qui donnait envie à tout le monde qui l'écoutait de devenir astrophysicien. Je suis effondré, je n'arrive pas à croire qu'il soit parti", a réagi au micro d'Europe 1 l'astronaute Jean-François Clervoy.
André Brahic était de ces hommes qui enrichissent le savoir de l'Humanité tout en lui donnant des rêves. Hommage. https://t.co/R9vOBvvJ4N
— Najat Belkacem (@najatvb) 15 mai 2016
Un astéroïde porte son nom. Astrophysicien au CEA et professeur à l'université Paris VII - Diderot, André Brahic avait également dirigé le laboratoire Gamma-gravitation. En 1990, l'astéroïde 3488 situé dans la ceinture du système solaire avait été baptisé Brahic en son honneur. Vulgarisateur prolifique, il avait publié cinq livres, dont "Enfants du soleil" en 1999 et "Lumières d'Étoiles" en 2008" aux éditions Odile Jacob. Son dernier ouvrage sur les exoplanètes "Terres d'ailleurs. Sommes nous seuls dans l'univers ?" était paru l'an dernier chez le même éditeur.
Hollande salue un "scientifique prodigieux". Dans un communiqué, le président François Hollande a salué un grand savant "qui savait rendre simples les mystères du ciel". Il "était aussi un merveilleux pédagogue dont les livres et les interventions nous ont fait voyager dans l'espace", ajoute le communiqué. La France "perd un scientifique prodigieux et joyeux dont le seul projet était de faire partager sa passion au plus grand nombre".