La baleine grise égarée en Méditerranée a "une bonne stratégie", suivre le littoral jusqu'à Gibraltar pour trouver la sortie, mais des chances "extrêmement minces" de retrouver son milieu du Pacifique Nord, a déclaré mercredi un responsable de l'Office Français de la Biodiversité (OFB). "Du fait du réchauffement climatique et de la fonte des glaces, il y a maintenant une possibilité de passer entre le Pacifique et l'Atlantique et il est probable que cette jeune baleine inexpérimentée" de 15 mois se soit "trompé de chemin", arrivant ainsi dans l'Atlantique puis en Méditerranée, a expliqué à l'AFP Eric Hansen, responsable régional de l'OFB sur la façade méditerranéenne.
"Elle a rencontré pas mal d'obstacles mais elle n'est pas déboussolée"
Entrée dans cette mer fermée au niveau du Maroc, elle a coupé de l'Afrique du Nord à l'Italie, a remonté les côtes italiennes et françaises, parvenant à se libérer seule d'un filet de pêche à Port-Saint-Louis-du-Rhône, dans le sud de la France, mardi matin puis cherchant avec insistance à explorer le port de Sète dans le Sud dans l'après-midi, a raconté Eric Hansen. "On a vraiment l'impression qu'elle cherche à sortir de la Méditerranée quand on la voit essayer de rentrer dans un port comme celui de Sète", a-t-il souligné.
"Elle a rencontré pas mal d'obstacles mais elle n'est pas déboussolée", a poursuivi le responsable de l'OFB. "Sa stratégie est bonne, si elle continue elle va descendre le long des côtes espagnoles et arriver à Gibraltar. Si tout va bien, elle va pouvoir ressortir côté Atlantique. Ca ne veut pas dire que c'est gagné pour elle parce qu'après il faut qu'elle remonte" vers le Pacifique Nord.
Des espèces marines de plus en plus en danger avec le réchauffement climatique
Ses chances de retrouver son milieu situé entre l'Alaska et la Basse-Californie sont "extrêmement mince parce qu'elle se nourrit d'invertébrés dans des fonds vaseux du Pacifique qu'elle ne peut pas trouver en Méditerranée". Or depuis qu'il a été observé en Méditerranée, ce baleineau "ne semble pas se nourrir" et est "toujours en situation de déplacement".
Déjà très maigre, s'il ne parvient pas à "varier son régime alimentaire" en allant gratter les fonds méditerranéens, il pourrait s'épuiser et s'échouer ou couler, selon Eric Hansen. Selon lui, des espèces marines risquent de plus en plus de s'égarer dans des milieux qui peuvent leur être fatal à cause du réchauffement climatique et de la fonte des glaces.