Brésil : première naissance d'un bébé grâce à une greffe d'utérus d'une donneuse morte

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La grossesse est survenue sept mois après la greffe d'utérus provenant d'une donneuse morte. © pixabay.com / Christianabella
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avec AFP , modifié à
Pour la première fois, une transplantation d'utérus provenant d'une donneuse morte a abouti à une naissance, selon une étude publiée mercredi. Le bébé, né il y a sept mois, et sa mère sont en pleine santé.

Le premier bébé conçu grâce à un utérus transplanté chez une femme infertile à partir d'une donneuse décédée est né il y a un an au Brésil, selon une étude publiée mercredi dans la revue The Lancet.

Sept mois après la naissance, le bébé - une petite fille - allait bien, pesait 7,2 kg et était toujours nourri au sein par sa maman, également en bonne santé, précise l'étude de l'Hôpital universitaire de São Paulo qui a conduit la greffe en 2016. C'est la première fois qu'une transplantation d'utérus à partir d'une donneuse décédée aboutit à une naissance, et c'est aussi la première naissance avec greffe d'utérus en Amérique latine.

Une première mondiale avec une greffe de donneuse morte. Depuis la première greffe d'utérus d'une donneuse vivante, en 2013 en Suède, 39 transplantations ont été opérées dans le monde, dont 11 ont conduit à une naissance. Toutes les greffes d'utérus prélevés post-mortem, soit une dizaine aux États-Unis, en République tchèque et en Turquie, avaient échoué avant cette première mondiale.

De nouvelles possibilités contre l'infertilité utérine. "Cette démonstration réussie présente plusieurs avantages par rapport à la greffe à partir de donneur vivant : elle s'appuie sur un réservoir de donneurs potentiel plus vaste, coûte moins cher et évite les risques pour le donneur vivant", ajoute le Dr Srdjan Saso, du département obstétrique de l'Imperial College de Londres. 

Une opération de plus de 10 heures en 2016. L'opération s'est déroulée en septembre 2016. La maman qui a reçu l'utérus avait 32 ans et était née sans utérus (syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser). L'utérus greffé provenait d'une femme de 45 ans décédée d'un AVC et donneuse de plusieurs organes (cœur, foie et reins). L'opération a duré au total 10h30 et a été suivie d'un traitement immunosuppresseur pour éviter le rejet du greffon.

Une grossesse sept mois après la greffe. Cinq mois après la greffe, la patiente avait des règles normales. La grossesse est survenue après le premier transfert d'embryon unique (obtenu par fécondation in vitro) sept mois après la greffe. La grossesse s'est déroulée sans encombre jusqu'à la naissance par césarienne à 36 semaines de gestation, le 15 décembre 2017. Les médecins ont préféré un accouchement légèrement prématuré par césarienne pour plus de sécurité.

Le bébé pesait 2,550 kilos à la naissance et était en parfaite santé. L'utérus greffé a été retiré pendant la césarienne, de façon à arrêter le traitement immunosuppresseur, très lourd, et l'enfant et la maman ont quitté l'hôpital au bout de trois jours.

Une régulation des dons post-mortem déjà existante. Les auteurs de l'étude soulignent que la greffe d'utérus post-mortem peut ouvrir de nouvelles possibilités d'autant que beaucoup de pays ont déjà des systèmes de régulation des dons d'organes post-mortem. En France, sur les 6.105 greffes réalisées en 2017, l'essentiel provenait de donneurs post-mortem, et seulement 629 greffes de donneurs vivants (rein et foie). En 2017, 23.828 patients ont été en attente d'un organe.

On estime que l'infertilité affecte 10 à 15% des couples en âge de procréer dans le monde. Parmi les femmes touchées, on estime qu'une femme sur 500 présente une anomalie de l'utérus. Pour ces femmes, l'adoption et le recours à une mère porteuse sont les seules solutions en l'absence de greffe.