Vendredi, à 12h31, Cassini plongera à 112.000 km/h dans les anneaux de Saturne pour un baiser de la mort. La fin d'une mission qui aura duré 20 ans et qui aura bouleversé la vision qu'avaient les scientifiques de notre système solaire. Et pour cause, la sonde et son module Huygens, imaginés en 1982 et lancés en 1997, ont fait des découvertes inédites sur Saturne et ses très nombreux satellites. Des découvertes tellement alléchantes pour les scientifiques que cette mission, financée à la fois par la Nasa et l'agence spatiale européenne (Esa), a été prolongée par deux fois, en 2008 et en 2010. A la clef, la récolte de 450.000 images, des milliards de données et 3.948 publications scientifiques. Europe 1 décrypte pour vous les trois principaux enseignements de cette mission inédite.
After more than a decade exploring #Saturn, its moons and rings, we’ve embarked on our #GrandFinale: https://t.co/0ZbfbX6DNspic.twitter.com/qW4Ad5gUBr
— CassiniSaturn (@CassiniSaturn) 2 mai 2017
Des océans d'eau sur Encelade. Encelade, petit satellite saturnien de 500 km de diamètre (contre 3.500 km pour la Lune), était considéré, avant la mission Cassini, comme un astre mort par les scientifiques. Il étaitjugé en effet trop petit pour avoir une activité géologique. Mais en 2005, la sonde détecte... des geysers au niveau de son pôle sud. Des geysers tellement puissants qu'ils sont à l'origine de la formation d'un des anneaux de Saturne. Ce que rejette Encelade étonne aussi les spécialistes : de la vapeur d'eau et de grains de glace. Au bout de 23 survols du satellite, Cassini parvient à expliquer l'origine de ces jets : la présence d'un océan sous-glaciaire. La découverte est stupéfiante puisque la seule mer sous-glaciaire détectée jusque là dans le système solaire était située sur Europe, un satellite de Jupiter.
200 lacs et des pluies d'hydrocarbure sur Titan. Seulement survolé une fois par Voyager 1 en 1980, les scientifiques ne connaissaient quasiment rien de Titan. La raison ? Les épaisses brumes qui cachaient la surface de ce gros satellite de 5.100 km de diamètre, le plus gros de Saturne.
Fin du mystère avec la mission Cassini. En envoyant à sa surface le module européen Huygens largué par Cassini, les scientifiques ont pu découvrir des paysages jumeaux à ceux de la Terre. Le petit robot, qui a atterri sur Titan le 14 janvier 2005 et qui fait fonctionner pendant deux heures ses six instruments, rapporte en effet des clichés de collines, de rivières et de champs de dunes.
Et Titan devient aussi, avec la Terre, le seul endroit dans le système solaire présentant des surfaces liquides : 200 lacs et une mer de méthane et d'éthane. Son cycle hydraulique est même similaire à celui de notre planète. A une différence près cependant : sur Titan, ce ne sont pas des gouttes d'eau qui tombent du ciel mais… des gouttes d'hydrocarbure. Autre ressemblance avec notre planète : une atmosphère composée en très grande majorité d'azote et où évoluent des particules organiques. De quoi s'interroger sur l'habitabilité de Titan.
Des anneaux vivants. Même si Jupiter, Neptune et Uranus en ont aussi, les anneaux de Saturne en font son signe distinctif. Très nombreux, d'un diamètre total de 360.000 km, particulièrement brillants, ils sont composés essentiellement de glaces et de poussières. Si sur les clichés de Cassini, ils semblent immobiles, dans le détail, il n'en est rien ! Les anneaux de Saturne bougent en effet sous l'influence des satellites. A chaque passage de ces derniers, la gravitation agit et fait naître "des vagues" à la surface des anneaux. Mais ces derniers recèlent cependant encore un mystère : Cassini n'est pas parvenu à déterminer leur âge ou encore leur origine.
Et pleins de découvertes à venir. La mission Cassini-Huygens a duré 20 ans mais ses fruits, eux, vont être exploités encore plusieurs années. Au total, la sonde Cassini a en effet envoyé sur Terre 635 gigaoctets de données dont une partie n'a pas encore été analysée. Et ce n'est pas tout à fait fini. Lors de son crash programmé pour vendredi, Cassini va continuer à travailler. Pendant sa chute de 420 km, la sonde américaine va ainsi transmettre un maximum de données sur les gaz, les températures et le champ magnétique de la planète. Une dernière mission brève car Cassini, sous l'effet de nombreuse turbulences, ne pourra pas très longtemps maintenir ses antennes en direction de la Terre. La sonde partira alors en vrille, avant de se désintégrer dans l'atmosphère saturnienne.