Être pris dans la "spirale du mensonge" n'est plus qu'une simple expression. Des scientifiques ont en effet démontré que notre cerveau prenait en effet goût au mensonge, a rapporté mercredi Sciences et Avenir.
Récompensés en argent. Selon une étude publiée récemment dans la revue Nature Neuroscience, notre cerveau a même tendance à formuler des mensonges de plus en plus gros. Pour parvenir à de telles conclusions, des chercheurs en psychologie de l'University College de Londres ont invité 80 volontaires à se prêter à un jeu : estimer le montant d'argent contenu dans des récipients en verre représentés en photo. Cette estimation devait se faire en aidant un partenaire via un ordinateur. Mais ce dernier, un acteur de mèche avec les chercheurs, ne bénéficiait que d'une photo de mauvaise qualité. Deux scénarii ont alors été appliqué : un où le cobaye était invité à estimer véritablement la somme contenue dans les pots, un où il était poussé à surestimer ou sous-estimer ce montant en échange d'argent.
Le cerveau invite à "une pente glissante". Au fur et à mesure de l'avancée de l'exercice et sans surprise, les cobayes se sont mis à mentir de plus en plus quand c'était dans leur intérêt. Les chercheurs ont alors scanné leur cerveau durant l'expérience. Ils y ont découvert que l'amygdale, siège de la mémoire émotionnelle, joue un rôle important quand il s'agit de déformer la réalité. Ainsi, si lors des premiers mensonges, la personne testée semble être gênée, son cerveau semble s'accoutumer par la suite. "Il y a une sorte d'adaptation émotionnelle", soulignent les chercheurs. "Cela peut conduire à une 'pente glissante', lorsque de petits arrangements avec la vérité peuvent déclencher une escalade et devenir des mensonges importants", précisent-ils.
Idem pour les comportements à risque ? "C'est la première fois que l'on montre de manière empirique qu'un comportement malhonnête s'accroît à mesure qu'il se répète", avance donc dans un communiqué Neil Garret, principal auteur de l'étude. De nouvelles pistes de recherche s'ouvrent par ailleurs. L'amygdale pourrait ainsi aussi réagir "à d'autres processus d'escalade, comme les comportements à risque et violents", estime le chercheur.