Un vrai village, avec ses rues et ses commerces. Le département des Landes va ouvrir le premier village Alzheimer de France, sur une initiative d’Henri Emmanuelli, le président du Conseil général, inspirée d’une expérience néerlandaise dans la ville de Weesp. L’objectif : proposer une alternative aux traitements médicamenteux en permettant aux malades d’Alzheimer de conserver un lien social et d’avoir une certaine autonomie. Initialement annoncé pour 2017, ce projet verra finalement le jour en 2019, selon une information du Parisien, pour un coût total estimé à 24 million d’euros.
120 villageois dans des conditions de vie normale. Dans le détail, ce complexe de huit hectares bâti au sud-est de Dax sera constitué de 16 maisons, hébergeant chacune six à huit malades, et réparties en quatre quartiers, avec les infrastructures classiques d’une petite commune : commerces, parc, coiffeur, centre culturel, etc. "Il s’agit d’accueillir 120 personnes dans des conditions de vie qui s’apparentent à celles de tout un chacun", explique à Europe 1 Gabriel Bellocq, conseiller départemental des Landes, ancien maire PS de Dax et délégué au projet. Il assure que les retours sur le village de Weesp au Pays-Bas ont montré une augmentation du bien-être et un allongement de la durée de vie des patients.
Effacer toute référence à l’univers médical. Pour encadrer les pensionnaires, 120 professionnels de santé travailleront sur place sept jours sur sept, avec des équipes présentes de jour comme de nuit. "Il y aura des médecins et des infirmières, mais ils ne seront pas dotés de blouses blanches pour éviter les connotations médicales", insiste Gabriel Bellocq. Afin de s’éloigner le plus possible des références au milieu hospitalier, le village Alzheimer se dotera également d’une architecture typiquement landaise, avec des marqueurs spatiaux forts, à travers le choix des végétaux par exemple, pour permettre aux malades de se repérer. À terme, le département espère pouvoir aussi compter sur son tissu associatif pour faire vivre la communauté, et accueillir 120 bénévoles. "Ils proposeront des activités périphériques : concerts, jeux, lectures, promenades", détaille le conseiller départemental.
Faire avancer la recherche. "Il s’agit d’une expérimentation, validée par l’Agence régionale de Santé et le ministère de la Santé qui compte utiliser ce village pour étudier l’évolution de la maladie en dehors des milieux médicalisés", explique encore le responsable. Le village accueillera ainsi chaque semaine une équipe de la Pitié-Salpêtrière (Paris) et de l’hôpital Pellegrin (Bordeaux), où sont respectivement basés le Centre National des Démences Rares et le Centre de Mémoire de Ressources et de Recherche, afin d’observer les malades. Leurs conclusions pourraient donner des idées à d’autres régions, veut croire Gabriel Bellocq.
Un tarif plafonné. Du côté des tarifs, le prix d’une journée ne devrait pas dépasser celui d’une journée en EHPAD dans le département, actuellement fixé à 60 euros. "Un choix politique fort", se félicite l’ex édile. "Nous voulons que les personnes puissent accéder au village sans discriminations de revenus. L’aide sociale départementale pourra toujours fournir un complément". Un comité médical d’admission sera mis en place pour sélectionner les patients, pris en charge quel que soit le stade de la maladie et recommandés sur avis médical.